Cap’Agri Géorgie #6 – Production animale : types d’élevage, nombre de têtes et répartition spatiale

Une des premières choses que vous verrez si vous venez visiter la Géorgie, ce sont… les vaches ! Dans les champs non clôturées, sur les routes et dans les espaces de montagnes, elles sont (mais pas toujours) les amies des randonneurs.

Des vaches en pâturage autour d’un ancien kolkhoze en Kvemo Kartli.

Autant vous dire que les freinages d’urgence sont assez fréquents sur les routes de campagne. (Elles ne sont pas dans les rues de Tbilissi par contre.) Des bergers les gardent, comme pour les moutons et les chèvres. Les volailles sont beaucoup moins visibles dans le paysage. Une des questions que j’aimerais traiter aujourd’hui concerne l’élevage et les différents types présents en Géorgie :

  • Quels sont les parts de chaque type d’élevage que l’on peut trouver en Géorgie ?
  • Quels sont les ordres de grandeur des productions principales ?
  • Est-ce qu’il y a des différences notables par région ?

Quels sont les élevages que l’on peut trouver en Géorgie ?

Les statistiques géorgiennes ne permettent pas de déterminer une typologie des exploitations avec une idée des nombres d’animaux par ferme. Elles ne permettent pas non plus de comprendre l’organisation sociale autour de la gestion du pâturage. Néanmoins, il y a des chiffres globaux de nombre d’animaux par région, cela permet de déterminer quels sont les grands types d’élevage par région, et c’est ce dont nous allons traiter par la suite.

Un troupeau de moutons en Kvemo Kartli. On y voit un berger sur son cheval.

En 2021, le nombre d’animaux a été estimé selon les nombres suivants :

Types d’élevagebovinsovinsporcinscaprinsavicolesruchers
Geostat 2021928 600898 500140 20049 1009 253 500185 100
Nombre d’animaux par ha des surfaces des régions étudiées*0.150.150.020.011.520.03
comparaison avec la France0.330.100.230.02
*Chiffres ne prenant pas en compte l’Abkhazie, la surface comptée pour la division a donc été de 6,1 millions d’ha.
La comparaison avec la France est pour avoir des idées d’ordre de grandeurs. Les chiffres ne sont pas comparables car la topographie, les climats, les occupations des sols ne sont pas les mêmes.

De manière très simplifiée, les animaux comptés dans les statistiques nationales sont les vaches, les moutons, les cochons, les chèvres, les volailles et les abeilles.

Une centaine de ruchers au fond d’un jardin en Mtskheta-Mtianeti (photographie prise au printemps 2022).

Quelles sont les productions animales associées ?

Les productions animales doivent correspondre aux animaux reproducteurs, au lait, la viande, les œufs, le miel et la laine des moutons. Cependant, il n’y a pas d’information concernant les animaux reproducteurs.

Pour la viande, nous pouvons regarder le graphique suivant pour l’année 2021 :

Tonnages de chaque type de viande produit pour l’année 2021.

Pour le lait, ce sont environ 590 millions de litres produits en 2021 dont 98% correspondant à du lait de vache. Les 10 millions de litres restant correspondent à du lait de brebis et du lait de chèvre.

Il y aurait 655 millions d’œufs produits en 2021, 2 000 tonnes de laine et 2 000 tonnes de miel.

Dans l’article suivant, nous discuterons des quantités produites, végétales et animales, par rapport aux quantités importées et exportées.

Quelle est la répartition spatiale des animaux ?

Les données régionales sont très limitées car elles ne reflètent pas les mouvements d’estive (notamment pour l’élevage ovin), c’est-à-dire les déplacements des animaux selon les saisons. Ces statistiques nationales permettent tout de même de dégager des grandes tendances. Elles ont été représentées à la carte suivante.

Quand les nombres de têtes sont significativement plus grand d’une région à une autre, les animaux ont été représentés. Le détail est indiqué dans les histogrammes empilés suivants.

Histogramme empilé du nombre de têtes, par région, par type d’élevage. Attention à la lecture : l’élevage avicole requiert de nombreux animaux mais cela ne signifie pas qu’il est plus important en nombre que les autres types d’élevage.

En matière d’élevage, il y a effectivement des différences notables par région.

Les bovins sont plus ou moins présents dans toutes les régions avec une prédominance dans les plaines Ouest et Est (revoir la carte topographique ici). Ils sont un peu moins en Kakhétie. Grâce à l’article précédent, on sait que les cultures ont été privilégiées dans cette zone. Plusieurs hypothèses peuvent être posées : les sols sont localement meilleurs en Kakhétie, ou encore il y a peut être eu un accès à l’irrigation meilleur que dans les autres régions permettant à cette région une spécialisation en céréales.

Les moutons sont plutôt présents en Kakhétie et en Kvemo Kartli, au Sud Est de la Géorgie. Il se peut que ce soit lié aux communautés azéries de Géorgie qui s’occupent de ces troupeaux pour après aller les vendre sur pied, plutôt à destination du Moyen-Orient.

Les volailles sont plutôt en Kvemo Kartli mais aussi en Samegrelo-Zemo Svanétie et en Imérétie.

Les porcs, comme les volailles, sont peu présents dans les montagnes. La Géorgie est un pays chrétien orthodoxe, les locaux mangent donc du porc. Ce n’est pas le cas de l’Azerbaïdjan, par exemple.

L’élevage caprin est résiduel. Il est présent dans les mêmes proportions en Kakhétie, Kvemo Kartli et Mtskheta-Mtianeti. Les quantités de lait, en chèvre et en mouton, sont relativement faibles (environ 10 millions de litre de lait pour 2021). Il existe quelques fromages de chèvre mais ce n’est pas dans les habitudes de consommation des locaux. La majorité des produits laitiers consommés sont à base de lait de vache (tomme fraiche, matsoni, beurre, crème).

Dans le prochain article…

Dans le prochain épisode, qui sera aussi l’un des derniers, nous nous intéresserons aux quantités exportées et importées en Géorgie. Cela sera l’occasion de remettre en perspective les quantités produites dans le pays.

Les liens vers les autres articles

Partie 1 : Contexte géorgienne

Article #1 : la topographie

Article #2 : les régions et les climats

Article #3 : les roches et les sols

Article #4 : l’occupation des sols

Partie 2 : Productions végétales et animales

Article #5 : Production végétale : types de cultures, surfaces et répartition spatiale

Article #6 : Élevage :  types d’élevage, nombre de têtes et répartition spatiale

Article #7 : Importations et exportations des produits agricoles avec les pays voisins

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Cap’Agri Géorgie #3 – les roches et les sols

Comme nous l’avons vu dans les articles précédents, la Géorgie présente le Petit Caucase et le Grand Caucase.

Quelle est la formation géologique de la Géorgie ?

En Géorgie, il s’agit d’une zone de convergence, c’est-à-dire un espace où deux plaques tectoniques se rapprochent l’une de l’autre. Aujourd’hui, il s’agit de deux plaques continentales qui se font face donc on parle de zone de collision (plaque arabique contre la plaque européenne). En vérité, ce mouvement de convergence existe depuis longtemps et c’est lui qui a conduit à la formation du Caucase (en plusieurs temps).

Comme vous pouvez le voir ci-dessous, à un moment donné, il y avait un océan nommé Téthys. Le Caucase s’est globalement formé à la suite de la fermeture de cet océan. C’est ce mouvement de convergence qui existait déjà et qui a rapproché des plaques. D’abord, il y a eu le Petit Caucase et ensuite le Grand Caucase (comme on peut le voir sur cette vidéo).

https://i0.wp.com/cdn.britannica.com/49/136149-004-A1D5FF03/Distribution-landmasses-regions-seas-ocean-basins-Permian.jpg?w=525&ssl=1
Formation géologique il y a 255 millions d’années

Le Petit Caucase résulte d’un processus de subduction (fin du Trias, vers -250 millions à – 200 millions d’années). Cela signifie qu’une plaque (lithosphérique) océanique est passée sous une plaque (lithosphérique) continentale. C’est donc un mouvement de convergence, mais là on ne parle plus de collision (deux plaques qui se font face) mais bien de subduction (une plaque passe sous une autre). Cela a conduit à refermer une partie de cet océan.

https://www.alloschool.com/files/premium/svt/2bac/u10/s8/img1.bmp
Source Alloschool

Le Grand Caucase s’est formé plus tard, par une autre subduction (plus tard, au Miocène, entre -23 millions et -5 millions d’années). Contrairement au Petit Caucase, il y a eu, en plus, la fermeture d’un bassin sédimentaire (en résumé, un espace avec une accumulation de sédiments). Cela a continué de refermer une partie de cet océan Téthys.

La preuve qu’il y a eu de la plaque océanique sont les sédiments marins et les roches métamorphiques du faciès schiste bleu qu’il est possible de retrouver à la surface. Les géologues se servent de ces indices pour reconstituer les histoires géologiques.

Après ces subductions (et fermeture du bassin sédimentaire pour le Grand Caucase), il y a eu le début des collisions continentales. Elles sont caractérisées par des déformations, comme des plis et des failles inverses, mais aussi par une sur-épaisseur de la croûte continentale (reliefs et racines crustales).

Si vous voulez avoir une idée des mouvements des plaques tectoniques d’aujourd’hui, il y a cette carte.

Quels sont les types de sols présents en Géorgie ?

En ce qui concerne la pédologie, les données de référence ont été éditées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2006. Elles sont téléchargeables sur le site SoilGrids250m. Ce sont ces données qui ont été utilisées sur la carte ci-dessous.

Carte des sols selon les données World reference base for resources de 2006 (précision 250 m)

A l’échelle de la Géorgie, on distingue principalement les cambisols (en orange). D’après le site de l’Observatoire du Développement rural, le cambisol est caractérisé par l’absence de couches accumulées d’argile, d’humus, de sel soluble ou d’oxydes de fer et d’aluminium. Grâce à leur structure et leur contenu élevé en minéraux, ils sont généralement bien exploitables pour l’agriculture. Il s’agit du type de sol majoritaire dans le monde et est particulièrement présent en Europe.

Ensuite, viennent les podzols (représentés en vert). Il s’agit d’un sol avec un pH très acide ce qui le rend infertile pour l’agriculture.

Les luvisols sont des sols profonds ayant une bonne fertilité agricole. En hiver, l’eau a tendance à s’accumuler, ce qui peut provoquer l’asphyxie des semis.

D’après Britannica, les kastanozems sont des sols riches en humus qui ont été initialement couverts par des pelouses. Cela a impliqué une couche brune en surface. Ils sont généralement utilisés pour l’irrigation et le pâturage.

Les chernozems sont aussi riches en humus et sont utilisés pour les céréales ou l’élevage bovin.

Enfin, les calcisols sont caractérisés par une couche où le carbonate de calcium s’est déplacé. Ce sont généralement des sols bien drainés qui sont relativement fertiles dû à leur taux important de calcium. Ils sont principalement utilisés pour le pâturage.

Dans le prochain article…

Après avoir décrit les conditions physico-chimiques (topographie, climat, géologie et pédologie), le prochain article va s’intéresser à l’usage des sols.

Les liens vers les autres articles

Partie 1 : Contexte géorgienne

Article #1 : la topographie

Article #2 : les régions et les climats

Article #3 : les roches et les sols

Article #4 : l’occupation des sols

Partie 2 : Productions végétales et animales

Article #5 : Production végétale : types de cultures, surfaces et répartition spatiale

Article #6 : Élevage :  types d’élevage, nombre de têtes et répartition spatiale

Article #7 : Importations et exportations des produits agricoles avec les pays voisins

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Sources

Cartographie du Grand Caucase (Fonds national suisse, 2014)

Page Wikipédia de la géologie du Caucase