Ferme Identi’terre, France

Salut à toi lecteur ! Moi c’est Félix et je suis étudiant en première année dans le cursus ingénieur SAADS (Systèmes Agronomiques et Agroalimentaires Durables pour le Sud). Je vais vous présenter ici la ferme dans laquelle j’ai fait mon stage de 1ère année. Comme vous l’avez sûrement compris je vais principalement travailler dans les pays du Sud mais avant de me lancer j’avais envie de prendre le temps de découvrir ce qui se fait de bien chez nous. Et évidemment comme le D de ma formation veut dire durable, je ne suis pas tombé n’importe où…

L’exploitation est morte, vive la ferme !

Benoît Biteau s’installe en 2007 en Charente-Maritime dans l’exploitation (le mot est choisi !) de son père basée sur la monoculture de de maïs intensive dans une zone où tout le monde fait de même (maïs, maïs, maïs partout !). Mais Benoît n’est pas venu sans un nouveau projet en tête et une vision complétement différente de l’agriculture. Il abandonne le modèle de son père et lance une transformation complète de l’activité et de la logique agricole en se basant sur un triptyque qui devient son leitmotiv : « Cohérence, Agronomie, Autonomie » (ça c’est important pour la suite !). La ferme Identi’terre est née.

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Acte 1 : L’eau

Avant de devenir paysan Benoît a travaillé comme expert dans un cabinet de conseil spécialisé dans l’irrigation. Ce passage de sa vie lui a bien appris quelque chose : l’importance de la gestion de l’eau en agriculture. De plus cette question est particulièrement importante en Charente-Maritime, terre des fameuses huîtres du bassin d’Oléron où l’eau est source de nombreux conflits entre les conchyliculteurs et les agriculteurs. Les premiers ayant besoin d’arrivées d’eau propre en provenance des terres pour pouvoir continuer leur activité professionnelle et les seconds pompant à tout va dans les nappes et rivières pour irriguer leur maïs et par le biais des ruissellements injectant des intrants chimiques dans l’eau. L’eau arrive donc en plus faible quantité et de moins bonne qualité. Faisant ce constat Benoît prend une décision radicale, ne plus irriguer ses cultures (cohérence !). Et là je vous vois venir : « Comment ?! De l’agriculture sans eau ?! ». Et oui, tout à fait car Benoît prend alors une seconde décision, planter des arbres dans ses parcelles (et oui les Agro’nautes parlent beaucoup d’agroforesterie, il faut croire que ça marche). Les arbres, en plus de nombreux autres services, vont aller pomper l’eau en profondeur et rendre une partie disponible pour les cultures (agronomie !). En plus d’être en cohérence avec le territoire ce choix répond également à une volonté d’autonomie (je ne vais pas le remettre vous avez compris) car il n’est plus dépendant de l’irrigation et du pompage dans la conduite de ses cultures. Ah et oui j’oublie un truc ! Il a bien sûr arrêté d’utiliser toute sorte d’intrant chimique remplaçant les engrais de synthèse par des associations de cultures judicieuses, comme le blé et la féverole. La féverole est une légumineuse elle fixe donc l’azote de l’air et en rend un partie disponible pour le blé, ce qui permet d’atteindre des taux de protéines dans le blé très élevés, par exemple 13,5 cette année (agronomie !) et les pesticides/herbicides par…hum…rien…mais on va reparler tout de suite !

Acte 2 : La biodiversité

Homme aux multiples facettes Benoît a également été directeur adjoint du Parc du Marais Poitevin. Encore une fois il ramène cette expérience dans ses bagages quand il s’installe comme paysan. Restons d’abord dans le thème des cultures végétales pour rester cohérent, n’est-ce pas ? Face aux semences hybrides, il réintroduit des semences populations qu’il reproduit lui-même sur sa ferme (autonomie !). A la monoculture il préfère la polyculture avec des rotations de cultures pouvant aller jusqu’à 12 ans pour ne pas épuiser le sol (agronomie !). Face aux pesticides  il est fier d’accueillir dans ses champs des auxiliaires de cultures comme la coccinelle, le carabe et bien d’autres. Mais non content de transformer la conduite des cultures végétales il réintroduit l’élevage et les prairies (historiques dans la zone) et pour rester…(vous savez ce que je vais dire là non ?)…cohérent il n’amène pas des Prim’Holstein en Charente-Maritime mais des Maraîchines, race locale bovine à très faible effectif. Il n’élève pas des Saanen pour faire du fromage de chèvre mais des Poitevines. On trouve également dans la ferme, des baudets du Poitou et des chevaux de trait poitevin mulassier (race équine locale). Évidemment, les animaux sont nourrit au maïs ensilé (qui est la production agricole majoritaire de la zone)…hum…vous y avez cru ? Comme il dit : « Les herbivores ça mange de l’herbe ! ». Tous les animaux sont donc au régime herbacé en plein champ (en clair ils mangent de l’herbe et se baladent dans des prairies), en plus comme ça nul besoin d’acheter des concentrés et autres nourritures animales (autonomie !). Étonnamment toutes ces races locales et rustiques sont parfaitement adaptées à ce régime (agronomie !). Ces différentes espèces sont associées dans les prairies pour en amplifier la productivité (ce qu’on appelle le pâturage multi-spécifique). En plus de manger de l’herbe ses vaches ont le toupet de se déplacer ! En effet une petite transhumance est organisée chaque année en juin (retour en octobre) vers les zones humides des marais où les vaches trouvent de l’herbe même en été. Et là-bas, elles ne font pas que brouter et ruminer, elles entretiennent et amplifient un écosystème fragile qui a été mis à mal par l’abandon de l’élevage et le drainage de l’eau pour les cultures des maïs. Cette zone appelée La Massonne est classée réserve naturelle régionale ! Les marais sont d’une importance capitale car ils font le lien terre-mer en assurant une transition douce entre la mer et la plaine, (sans eux, inondations à gogo !), leur entretien est donc fondamental (cohérence !).

Acte 3 : Le combat

Benoît est aussi un élu local (vice-président de la Région Poitou-Charentes de 2010 à 2015 et élu de nouveau conseiller régional de la Nouvelle Aquitaine) qui défend aussi bien ses idées sur l’agriculture dans les champs que dans les chambres (comme le Conseil Régional, oui ça aurait été plus clair de mettre assemblée mais c’était « vachement » moins stylé quand même). Et pour ça, il n’est pas seul. Il est épaulé par sa muZe verte, Stephanie Muzard (réalisatrice du film « Sans Terres et Sans Reproches ») qui est sur tous les fronts. Ils défendent l’idée centrale que l’argent public ne doit plus subventionner l’agriculture productiviste et intensive qui ne convient plus à la société civile (et l’argent public, c’est l’argent de la société civile, notre argent quoi). L’agriculture doit être un sujet de société ! Mais ça ne serait pas leur faire honneur que de résumer leur engagement à cette seule idée, tant ils enchainent conférences, débats, projections pour éduquer, convaincre les gens de leur vision d’un avenir meilleur. Et pour convaincre quoi de mieux que montrer ! C’est pourquoi ils reçoivent tous ceux qui veulent bien se donner la peine de venir dans leur ferme et prennent le temps de leur expliquer leur démarche. Une ferme ouverte sur le monde, ça change ! Je ne sais pas vous mais moi il me parait pas mal leur avenir…

Félix TUCHAIS

L’agriculture biologique en Colombie #2 Bogotá

Pour ma dernière semaine en Colombie, je suis retournée à Bogotá Grâce aux parents de Félix j’ai rencontré Adela Correa, ancienne professeure d’Agronomie de l’Université de Bogotà et grâce à Adela j’ai rencontré David Camelo, membre de l’association de producteurs biologiques de Guasca, qui m’a organisé un séjour express chez quelques fermiers de l’association pour que je puisse découvrir leur façon de produire.

Un peu de géographie

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Mais avant de vous parler de mon expérience au sein de l’association, revenons un peu sur la géographie de la Colombie. Parce que je pense que je ne suis pas la seule à imaginer, à l’évocation du nom « Colombie », un pays oí¹ il fait chaud, un pays de forêt tropicale et de plages paradisiaques. Alors oui, c’est en partie vrai. Mais la Colombie possède aussi une zone de montagnes, ou encore une zone de savane. On différencie au total 6 régions géographiques différentes : la région d’Amazonie en vert foncé sur la carte, la région de Savanes que la Colombie partage avec le Venezuela en vert clair, la région Andine en marron, la région Caribéenne en jaune, la région Pacifique en bleu et puis la région insulaire en rose (les deux îles : San Andrès et Providencia).

Bogotá la capitale du pays ou encore Medellí­n sont situées dans la région Andine. Alors qu’à Medellí­n le climat est tempéré, à Bogotà le climat est froid ou « tempéré d’altitude ». Medellí­n est à 1500m d’altitude, Bogotà a 2640m. Vous l’aurez compris, l’altitude définie le climat en Colombie.  Alors quand je disais dans mon premier article que la Colombie connait presque tous les climats qui existent dans le monde, cela peut s’expliquer par le fait qu’en une heure de route, on peut passer d’un climat chaud, voir très chaud à un climat tempéré ou froid, juste parce qu’on passe de 1200m à 2000m d’altitude.

La Asociación de Granjeros Ecológicos de Guasca – AGREGUA

Guasca est une petite ville a environ 50km au nord-est de Bogotà. Elle se situe à plus de 2700m d’altitude. Donc si vous avez bien suivi, vous savez qu’il y fait froid. D’ailleurs, beaucoup d’hommes portent encore le poncho traditionnel. C’est un poncho tricoté tellement densément, qu’en plus de tenir chaud il est imperméable. Oui, parce qu’il fait froid, mais il pleut aussi. En effet, Guasca se situe tout proche de la zone de « paramo ». Le « paramo » est un écosystème de montagne intertropical que l’on trouve dans les Andes (Colombie, Venezuela, Équateur et Pérou) au-dessus de 3000m. Dans le cas de la Colombie, c’est là que se forment la plupart des rivières du pays. C’est donc une zone très humide, oí¹ il pleut beaucoup beaucoup.

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Le mercredi matin David est venu me chercher pour m’emmener connaître quelques fermes de l’association dans lesquelles je devais rester jusqu’au vendredi. Avant d’arriver à Guasca, nous faisons un petit arrêt dans une des universités de Bogota. C’est ici que David vient acheter ses plantules pour sa ferme. Comme beaucoup, il préfère acheter les plantules déjà prêtes plutôt que de semer lui-même les graines, cela lui fait gagner du temps et cela lui permet de ne pas avoir à gérer la germination.

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On fait un deuxième arrêt sur la route, pour prendre un café et manger un petit bout. Alors non, le but de cet article n’est pas de vous raconter en détail ma vie ou vous parler des cafés que j’aurai bu en Colombie (et qu’est-ce que j’en ai bu). Si je vous parle de cette pause qu’on a fait, c’est pour vous parler de l’entreprise Alpina. Dans mon premier article sur la Colombie (voir l’article ici), je parlais de la production de lait et de la grande entreprise Colanta qui le transformait. Et bien Colanta a une copine : Alpina. C’est l’autre grande entreprise de transformation de lait de Colombie. Et l’usine se trouve justement entre Bogotà et Guasca. Alors forcément, on y est passé. L’usine est énorme, et ils ont même une cafétéria et un supermarché pour vendre leurs produits (oui oui, un supermarché oí¹ l’on trouve uniquement du lait, des yaourts et tous les produits laitiers inimaginables)!! Aujourd’hui, les industries comme Alpina peuplent peu à peu les environs de Bogotá et ce, au détriment des riches terres agricoles dont la capitale est entourée.

Enfin bon, on arrive en fin de matinée à la première ferme : la ferme d’Hector. On y fait un passage rapide, juste le temps de faire le tour de la ferme et voir un peu ce qu’il produit. Hector s’est spécialisé dans la production d’oignons biologiques, mais ce n’est pas l’unique culture présente. On trouve aussi des blettes, des tomates, des épinards, des brocolis ou des haricots. Bien sí»r, la plupart des cultures sont sous serres : ici il fait froid et il pleut.

Sa ferme est très organisée, chaque rangée est numérotée et est référencée sur une application en temps et en heure : quelle culture, à quel stade, sa localisation. Ainsi il peut savoir exactement ce qu’il en est de sa production. Il a aussi mit en place un système mécanique de transport des produits du bas de la parcelle vers le haut pour éviter aux travailleurs de tout charger et de faire trop d’allers-retours.

La Finca Alisal y San Luis. Una familia que trabaja para tu hogar

La ferme Alisal et San Luis. Une famille qui travaille pour ton foyer.

Et puis j’arrive enfin chez Clementina. Je dois y rester jusqu’au vendredi. La ferme de Clementina est un modèle dans la région, et même au niveau national. Elle reçoit de nombreuses visites d’universitaires, d’agriculteurs, d’instituts techniques…

Au contraire de nombreuses familles qui quittent la campagne pour la ville à la recherche d’une meilleure qualité de vie, Clementina et sa famille sont venus s’installer à Guasca dans les années 90, après avoir vécu de nombreuses années à Bogotá avec l’objectif de produire leurs aliments comme le faisaient leurs parents et grands-parents.

Dès leur installation ils ont basé leurs cultures sur le principe d’allélopathie, c’est à dire en tenant compte de l’influence d’une plante sur une autre. L’organisation de la ferme est donc bien différente de celle d’Hector. Elle semble en apparence moins organisée, mais pourtant associer les cultures demande une grande connaissance des différentes interactions entre les plantes car elles peuvent être bénéfiques comme néfastes. Ce système nécessite donc une forte organisation de l’espace, pour pouvoir exploiter au mieux ces interactions.

Aujourd’hui, Clementina et sa famille produisent, transforment et commercialisent plus de soixante produits différents : légumes, fruits, herbes aromatiques et médicinales. En voici une liste non exhaustive : oseille, bettes de différentes variétés, courges, piments, ail, basilic, différentes variétés de pomme de terre, petits pois, herbes aromatiques, cresson, brocolis, courgettes, oignons, coriandre, haricots blancs, rouges, verts, épinards, choux-fleurs, fraises, grenades, betteraves (feuilles et tubercules), calendula, laitues et autres variétés de salades, poivrons, quinoa, radis, rhubarbe, tomates, mélisse, menthe, carottes…

En plus de tout ça, on trouve également de nombreux animaux sur la ferme : des vaches, une dizaine pour le lait, des brebis, des chèvres, des lapins, des poules, des cochons d’Inde (en Colombie l’élevage de cochons d’Inde pour sa viande est plutôt marginal, au contraire du Pérou ou de l’Equateur oí¹ il est très fréquent), des canards et des abeilles. Les excréments des animaux sont compostés pour servir ensuite de fertilisant naturel.

Tous les produits de la ferme sont vendus de façon locale et directe aux habitants de Guasca et de Bogotà : les dimanches sur le marché de Guasca, les lundis via un système de livraison à domicile pour les habitants de Bogotà (les commandes se font par téléphone ou par mail) ou encore directement à la ferme. Il existe une réelle entraide entre les différents producteurs de l’association ou de la région. Ils partagent le travail et notamment les ventes : Clementina propose à la vente des produits d’autres producteurs qui ne sont pas produits sur la ferme : fromages, fruits et légumes issus d’un climat plus chaud… et vice-versa.

Leur propriété s’étend sur 8ha, mais seulement 1,5ha est consacré à la production de fruits et légumes. Le reste, c’est à dire environ 80% de la surface, est occupé par de nombreux arbres natifs. Clementina et Luis, son mari, ont travaillé durement à la reforestation de la zone (et continuent de le faire) en re-forestant leur propriété mais aussi en incitant leurs voisins à le faire. Ils sont membres de nombreuses organisations de protection de l’environnement ou encore de défense d’une agriculture socialement et environnementalement juste (associacion de mercados campesinos, asociacion de turismo (ASOTURISMI Guasca) Junta de accion comunal de la Vereda…)

Il y aurait beaucoup plus à dire sur la ferme San Luis, et je n’y suis restée que 3jours. A partir de la simple volonté de s’alimenter de façon saine, ils ont réussi à créer une entreprise familiale qui permet à de nombreuses autres familles de s’alimenter, mais qui permet aussi d’entretenir un paysage et un écosystème malheureusement en voie de disparition (développement de Bogotà et de sa zone industrielle au détriment des terres agricoles, exode rural, agriculture conventionnelle…).


Je termine donc mon périple sur une note d’espoir. Car la famille de Clementina nous prouve que produire des aliments sains, pour sa famille et les autres familles n’est pas utopique. Qu’il est tout à fait possible d’associer efficience de production, efficience économique et respect de l’environnement. Plus largement, je retiendrai de cette aventure que chacun peut et doit cultiver. Cultiver chez soi, dans son jardin, son appartement, sur son toit, dans le jardin du voisin, dans les potagers publics… Parce que « ton alimentation c’est ta santé », parce que « tu es ce que tu manges ». Produire ses propres aliments, ce n’est pas seulement se permettre de manger une bonne tomate fraiche et juteuse c’est aussi s’émanciper et gagner en liberté.

The end

Du café et des bananes, mais pas de main d’oeuvre. Bienvenue dans la zone Cafetière de Colombie.

Alors oui, encore du café au programme. Mais cette fois en Colombie, et vous savez ce qu’on dit, il paraît que c’est le meilleur du monde.

Et puis, cela va me permettre de comparer avec le Pérou, et de prendre du recul sur la façon de produire et de commercialiser dans les deux cas.

Avec Les Agro’nautes, nous nous concentrons sur la durabilité de chaque exploitation, et nous essayons de comprendre dans chaque cas, ce qui fait qu’une ferme est durable, ou qu’elle l’est moins qu’une autre par exemple. Mais loin de nous l’idée de mettre en compétition les fermes, ou de les noter comme notre système scolaire sait si bien le faire. Non, l’idée est de comprendre comment fonctionne le système de production, et de tirer de nos observations de nouvelles idées pour améliorer nos systèmes de production. Alors bien sûr, cette étude ne peut se faire sans prendre en compte les différents contextes.

Le café. Cooperativa de Cafecultores de Anserma

La coopérative de producteurs de café qui m’a gentiment accueillie pendant deux semaines est la Coopérativa de Cafecultores de Anserma. Anserma est une commune qui se situe dans le département de Caldas. Ce département fait partie de l’« Eje Cafetero », c’est à dire de la région où la production de café au niveau national est la plus importante.

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La coopérative possède deux certifications : « Fair Trade » et « Rain Forest ». Mais par contre la production n’est pas biologique comme au Pérou.

Au Pérou, Elmer le gérant de la coopérative Cecafe, nous expliquait que dans la région où nous étions il n’y avait jamais eu la culture du produit chimique. Avant même que la coopérative ne se soumette à la certification biologique, aucun ou très peu de produits chimiques étaient utilisés. En Colombie, c’est bien le contraire. Dans les années 70 il y a eu un boom de la demande de café colombien. On a alors tout arrêté pour faire du café et seulement du café (plus de potager, plus d’animaux, plus d’arbres natifs…). Les monocultures de café se sont développées, et qui dit monoculture dit engrais, pesticides, insecticides chimiques. Aujourd’hui en Colombie la culture du bio n’existe pas vraiment. Il est donc difficile pour un agriculteur de se convertir au bio, et je ne parle pas forcément de l’absence de programmes gouvernementaux sinon de l’absence de communication ou d’organisations nationales pour la production biologique de café. Ou du moins si ces organisations existent, elles ne sont pas arrivées dans toutes les campagnes. Alors, malgré une prise de conscience de la part des agriculteurs qui se rendent bien compte des dangers que représentent les produits chimiques, ils continuent à les utiliser car selon eux, le rendement est meilleur et il n’y a pas d’autres formes de lutter contre la Broca (petit insecte qui grignote les grains de café) par exemple.

Bon, dans la coopérative c’est pas non plus si horrible, le recours aux produits chimiques est régulé, et cela via leur engagement au sein du label Rain Forest. Il oblige notamment l’agriculteur à prendre différentes mesures pour ne pas contaminer les eaux et limiter le recours aux produits chimiques. Et puis il faut aussi noter qu’aujourd’hui la culture de café produit moins (attaques de Broca, maladie de la rouille…), et les caféiculteurs reviennent peu à peu au mode de production d’avant, c’est à dire à un mode de production plus diversifié.

La coopérative d’Anserma est plus importante que celle de Lonya Grande au Pérou. Elle regroupe 1000 caféiculteurs dans les 5 municipalités de la commune. La coopérative possède sa propre usine de séchage de café ou de traitement des grains secs. Par exemple, les agriculteurs peuvent récolter leur café, le dépulper et le faire sécher eux-mêmes ou, ils peuvent amener leur café une fois récolté à l’usine. La coopérative achète alors le café humide (à moindre coût bien sûr) et s’occupe de le dépulper et de le sécher. Elle propose également des services aux agriculteurs, via son aire technique dans laquelle travaillent 7personnes.

En ce qui concerne la production de café en soi, on trouve de nombreuses différences avec le Pérou.

Au Pérou, comme explicité dans notre article précédent, il y a une seule récolte par an, entre avril et septembre selon le climat et l’altitude. En Colombie, on distingue 2 récoltes dans l’année : la récolte principale et la traviesa, la petite récolte. La récolte principale a plutôt lieu en octobre-décembre et la traviesa entre mars et avril. Mais en réalité on a du café toute l’année, éparpillé dans les différentes parcelles, ce qui rend sa récolte plus difficile et plus longue qu’au Pérou. D’ailleurs, ici la main d’œuvre représente 50% des coûts de production.

Les variétés de café sont aussi différentes : on trouve principalement la variété Castillo (qui fleurit toute l’année), qui remplace peu à peu la variété Caturo qui est sensible à la rouille et la variété Colombiano dont le rendement est moins bon.

Le séchage du café est différent aussi. Au Pérou, le séchage traditionnel au sol est peu à peu remplacé par un séchage « sous serre ». En Colombie on trouve aussi parfois le séchage au sol, mais les systèmes innovants sont ceux sur le toit (plat) de la maison, protégé par un toit en tôle coulissant : on « ouvre » le toit quand il fait beau, on le « ferme » quand il commence à pleuvoir. Et pour rendre ce système encore plus efficient, le toit plat est recouvert d’une couche absorbant l’humidité (enveloppe des grains de riz) recouverte d’un tissu noir. Schéma ci-dessous.

Modes de séchage

Et les bananes. Système agroforestier.

Dans la région, 98% des producteurs de café produisent également des bananes. Cela a 3 gros avantages :

1. Les bananiers fertilisent le sol. La récolte de bananes a lieu toutes les semaines. Il faut savoir que quand on récolte les bananes, ce n’est pas seulement la rame de bananes qui est coupée, c’est tout l’arbre qui est abattu. Et c’est tout l’arbre qui va servir à fertiliser le sol : tout est laissé sur place : le tronc, les feuilles, les bananes trop mûres. Ils sont simplement coupés pour faciliter leur dégradation dans le sol.

2. Les bananiers ombragent les plants de café qui permet de produire du café de meilleure qualité. Si les plants de café sont exposés constamment au soleil certes ils vont produire plus de grains de café, mais les grains seront de plus petite taille. Par contre, si les plants de café sont ombragés, les grains mettront plus de temps à se développer, seront donc plus gros et de meilleure qualité.

3. D’un point de vue économique, c’est la culture de banane qui permet de faire marcher la ferme. Elle est beaucoup plus rentable que la culture de café.

Si la culture de café n’est plus rentable, je me suis demandée alors pourquoi les agriculteurs ne laissaient pas la production de café pour celle de bananes. Mais en fait un système en agroforesterie a aussi des effets bénéfiques sur l’élément arbre (dans notre cas, le bananier). L’espacement entre les bananiers dus aux plants de café permet aux bananiers de mieux se développer. Et on obtient des grappes de bananes qui atteignent les 60kg. Autre effet, l’enracinement des bananiers est plus profond du fait de la concurrence avec les plants de café, ce qui implique un meilleur approvisionnement en eau, et donc une limitation du stress hydrique en cas de sécheresse (ce qui a tendance à arriver de plus en plus souvent ici).

Schéma bananiers-café

Dans le système café-bananes on trouve aussi de nombreux plants de Yuka (=manioc) qui pousse très facilement et parfois aussi d’autres légumes du potager comme des haricots qui sont avec le riz, la yuka et les bananes des produits de base de l’alimentation en Colombie.

Où est passée la main d’oeuvre ?

Le constat est le même : depuis Medellín aux fermes de café de Caldas, il est de plus en plus dur de trouver de la main d’œuvre pour travailler dans les fermes.

La première ferme que j’ai visité au sein de la coopérative de cafeiculteurs est celle de Don Delio José. Il s’est installé il y a 8ans, il avait à ce moment la cinquantaine bien passée.

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Don Delio (en blanc) dans le jardin de son voisin (en bleu). Au premier plan à  gauche on peut voir des plants de manioc, au second plan derrière les hommes des bananiers. En haut à  droite un goyavier.

Don José s’occupe de la ferme avec deux travailleurs. Ils gèrent ensemble les 4ha de plants de café et de bananes. Les travailleurs réalisent les travaux les plus physiques comme la récolte des bananes par exemple (une grappe de banane pèse jusqu’à 60kg, et il faut la transporter depuis le champ jusqu’à la maison). Mais José, malgré son âge avancé, continue de gérer la ferme et de parcourir les 500m de dénivelés qui existent entre le bas et le haut de la ferme et cela plusieurs fois par jour, et continue de planter, couper ou arranger les plants de café ou de bananes.

La deuxième ferme que j’ai visité est celle de José (oui encore). Il habite de l’autre côté du village, dans une vallée différente. Il vit avec sa femme, et son fils le plus jeune. Comme Don Delio José, il possède 4ha de café principalement et de bananes. José est aussi aidé par deux travailleurs. Autant dans le cas de Don Delio, les travailleurs étaient relativement jeunes (20 et 40ans), dans le cas de José les travailleurs sont plutôt vieux (plus de 65ans). La seule main d’œuvre encore disponible se fait vieille. Les jeunes préfèrent aller à la ville, ou travailler dans la construction (secteur actif en Colombie avec la construction de nombreuses routes modernes). C’est un réel problème pour les agriculteurs qui sont obligés d’adapter leur système de production. Par exemple, dans les 5ans à venir, José prévoir de cultiver plus de bananes et moins de café. Pourquoi ? Parce que la production de bananes demande beaucoup moins de travail et est plus rentable.

Certains ont déjà abandonné la production de café, pour se convertir dans d’autres productions : ananas, avocat…

Au final, en deux semaines j’aurai découvert un monde du café bien différent de celui du Pérou. Les problématiques ne sont pas les mêmes. La Colombie est un pays qui a un grand potentiel agricole, mais qui subit encore les conséquences de mauvaises décisions politiques des années passées. Il reste aujourd’hui à voir dans quelle direction ce pays décide de s’orienter. Et ce choix se traduira notamment par le choix d’occupation des nouvelles terres disponibles libérées des FARC (Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes) suite à l’accord de paix signé ces dernières semaines. Il existe de fortes chances que ces terres soient vendues par l’État à de riches multinationales qui continueront à produire de façon conventionnelle sans se soucier des conséquences sur l’environnement et les populations. Mais les initiatives durables en Colombie se font de plus en plus nombreuses, et nous ne pouvons qu’espérer que ces initiatives se regroupent pour avoir plus de poids dans les décisions futures du gouvernement.

L’agriculture biologique à Medellin, Colombie

Du Pérou nous avons traversé l’Équateur et la Colombie pour arriver à Cartagena, ville sur la côte Caribéenne. Il faut dire qu’après deux mois passés en moyenne à plus de 2000m d’altitude, on avait envie de chaleur, de soleil et de plage. Donc une semaine de vacances avant de se séparer avec Félix pour continuer le projet, lui au Brésil et moi ici même en Colombie.

Grâce à Wolfgang Kitzing (qui travaille pour CafeMa, principal client de la coopérative Cecafé dans laquelle nous avons passé deux semaines lors de notre dernier volontariat), j’ai à nouveau trouvé un volontariat dans une coopérative de café : la Cooperativa de Caficultores de Ancerma. Elle se trouve dans le département de Caldas, qui fait partie de l’Eje Cafetelero du pays. Mais avant de commencer, je décide de passer quelques jours à Medellin, ville principale du département d’Antioquia.

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Premières découvertes sur le contexte agricole

Mon premier contact avec l’agriculture ici est assez décevant. En fait, je ne reste pas à Medellín mais à San Felix, un petit village à 1h de route. L’activité principale est l’élevage : des vaches, des vaches et des vaches. Tout le monde produit du lait ici, et tout le monde le vend à la grande entreprise de transformation de la région : Colanta. La production est conventionnelle, et de ce que je comprends les programmes pour l’agriculture ici en Colombie ne sont pas vraiment en faveur du bio mais plutôt à la botte de grandes multinationales bien connues. La Colombie serait le pays où l’on trouve le plus de variétés transgéniques : ici on trouve du maïs, du soja ou du coton transgénique, mais aussi des patates, des tomates, des haricots, certains fruits… Et franchement quel gâchis : la Colombie est un pays où tout peut pousser tout le temps. Le pays possède presque tout les climats, et c’est le deuxième pays avec le plus de diversité au monde, au monde!!

Je découvre aussi qu’ici, les terres ne sont pas distribués équitablement, en fait elles ne sont pas vraiment distribués du tout. Des grands propriétaires possèdent des terres, et emploient des travailleurs pour s’occuper de leurs fermes. Les propriétaires s’en mettent plein les poches, et les travailleurs… euh pas vraiment. Santiago par exemple, travaille dans la même ferme depuis 13ans environ (il doit avoir 30ans tout au plus), il travaille 7 jours/7 et a deux jours de vacances par mois. Et bien sûr, il travaille tous les mois de l’année parce qu’ici en Colombie, les saisons ne sont pas marquées comme en Europe, et les vaches produisent du lait toute l’année. [Bon là je vous parle de la filière lait dans le département d’Antioquia, et je ne voudrais pas généraliser au pays entier ou aux différentes filières pour absence totale d’infos à ce niveau-là.]

Et puis bon, même si mon constat est plutôt négatif, il m’est difficile de critiquer la situation. Le pays depuis 20ans environ connaît une crise importante agricole, malgré son potentiel il a cessé d’être auto-suffisant et a commencé à importer en masse. Mais pourquoi un pays avec un tel potentiel importe-t-il autant? Bien sûr il y a de nombreux facteurs qui résultent de choix politiques ou du contexte difficile, mais il y a aussi un facteur important à prendre en compte : les agriculteurs d’Europe et des Etats-Unis bénéficient d’importantes subventions, ce qui n’est pas le cas des agriculteurs en Colombie. Alors comment l’agriculteur de Colombie peut-il être compétitif sur le marché et vendre ses produits à côté de ceux des Etats-Unis par exemple moins chers? Le pays a donc délaissé certaines cultures, comme le blé par exemple, moins cher à importer qu’à produire.

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 Orgaenik et la Fondation Salva Terra, deux initiatives à  Medelli­n qui donnent espoir

C’est par hasard que j’ai découvert Orgaenik et la fondation Salva Terra. J’ai entendu parler d’agriculture biologique et de programmes pour permettre une sécurité alimentaire aux populations pauvres, ici à Medellín, alors forcément j’ai voulu aller voir.

Orgaenik est un projet d’agriculture biologique. L’entreprise produit des aliments bio (certifié au niveau national) qui sont vendus ensuite à des restaurants (une cinquantaine) et à des particuliers. La Fondation Salva Terra développe des projets sociaux et environnementaux, à travers des potagers urbains dans différents quartiers de la ville. Au total ce sont plus de 60 potagers qui sont cultivés, et plus de 700 personnes dans la ville qui bénéficient des programmes de la fondation.

La ferme Orgaenik

La ferme est magnifique et son fonctionnement est à la fois super simple et super performant. En voyant ça vraiment je me suis demandé pourquoi tout le monde ne suivait pas ce modèle.

Alors pour vous expliquer un peu plus, elle est divisée en plusieurs parties, toutes aussi importantes les unes que les autres. En fait c’est cette articulation qui la rend performante.

  • On trouve d’abord la zone de production d’intrants : fertilisants (Bokashi, préparations liquides), stimulants ou répulsifs biologiques. En fait l’agriculture biologique se base sur un principe général de la nature : « les agresseurs (champignons, insectes, virus…) ne s’attaquent qu’aux plantes faibles, une plante en bonne santé a les moyens de se défendre contre les agressions. » Donc si les plantes trouvent dans le sol tous les éléments qui lui permettent d’être en bonne santé, alors elle ne sera pas victime d’agressions. En maintenant un sol riche en minéraux (éléments essentiels à la plante) et en microorganismes (éléments qui rendent l’absorption des éléments minéraux par les plantes possible) – et pas seulement en NPK (azote, phosphore, potassium) qui semble être la formule magique de l’industrie agricole – la plante sera moins victime d’agressions et aura les moyens de se défendre et d’y résister.
  • La zone de germination. Ici, chaque semaine sont mises à germer les différentes graines. Ce sont plus de 70 variétés différentes qui sont produites au total : des salades, des choux, des brocolis, des herbes aromatiques, des fraises, des tomates… C’est cette zone qui organise et détermine la production.
  • La zone de cultures, d’une superficie de 6800m². La surface est séparée en 4 différents lots. Chaque lot est géré par un agriculteur. Avant de transplanter le plantule, les lits sont préparées : un peu de Bokashi, un peu de « gallinasa » (excrément de poules fermenté), une aspersion de micro-organismes pour éviter le développement de certains champignons, hop on recouvre de terre et on arrose. C’est d’ailleurs le seul moment où on irrigue.
  • Une zone de production de champignons.
  • La zone de post-récolte où sont collectés les légumes, « maquillés » (c’est à dire lavés, où par exemple les feuilles moches sont enlevées…) et répartis selon les différentes commandes.

Environ 15 personnes travaillent à Orgaenik. Ils travaillent 48 heures/semaine, comme le réglemente la loi en Colombie, sont payés de 10 à 15% plus que le salaire minimum du pays. L’équipe est vraiment sympa, l’ambiance de travail a l’air bonne, comme les conditions de travail (libre de produits chimiques, ombre, sécurité au travail…)

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La fondation Salva Terra

La Fondation n’a pas la même finalité qu’Orgaenik même si les deux partagent du matériel, des locaux ou encore organisent ensemble des formations. La fondation a été créée par deux frères, David et Daniel. Les deux sont ingénieurs agro, les deux ont étudié à la E.A.R.T.H au Costa Rica. Leur volonté ? « Associer le cœur aux études », c’est à dire mettre au service de leur pays et de leurs concitoyens ce qu’ils ont apprit durant leurs études d’ingénieur agronome. Depuis 2013 la Fondation œuvre donc sur différentes problématiques de développement rural et de sécurité alimentaire dans le pays (et surtout dans le département d’Antioquia). La fondation essaie d’apporter aux différents territoires dans lesquels elle intervient un accompagnement complet, c’est à dire un appui technique aux communautés rurales qui se base sur l’agriculture biologique minéralisée, mais aussi un accompagnement sur les thématiques de l’environnement, de la nutrition, du social ou encore de l’économique et de la commercialisation. Cette approche intégrale a pour conséquences : 1. de faire que le producteur se sente valorisé, 2. d’inciter les voisins à adapter les mêmes pratiques agricoles et de créer ainsi un réseau, 3. de ne pas délaisser la « culture de la production », c’est à dire de valoriser la transformation de l’aliment entre le champ et l’assiette. C’est un élément important puisqu’il permet de tisser un lien social (par exemple au sein de la famille par l’amélioration de la qualité de vie via l’alimentation, avec les voisins en partageant un ou plusieurs produits qui sont en surplus…).

Il faut savoir que la ville de Medellín, capitale du département d’Antioquia, est tristement célèbre pour la violence qu’elle a connu (Pablo Escobar ça vous dit quelque chose? Le Cartel de Medellin?). Aujourd’hui la ville est devenue une des plus sûre du continent, et c’est une ville magnifiquement bien aménagée, mais la violence est encore présente dans certains quartiers pauvres de la ville. C’est dans ces quartiers qu’intervient principalement la Fondation. Au total elle touche plus de 1000 personnes (environ 700 agriculteurs sur la ville de Medellín, et le reste dans la zone rurale proche).

Je suis allée visiter un des potagers urbains développé par la Fondation. C’est un potager urbain situé dans le parc Arvi de Medellín. Comme je disais, la ville est aujourd’hui très bien aménagée, et il est possible de sortir de la ville en 15minutes grâce au système de transport en commun (métro, téléphérique…) pour arriver dans un gigantesque parc de pins, eucalyptus et arbres natifs. Le potager est entretenu par deux personnes d’une même famille (le tonton et le neveu) qui ont du être déplacés à cause de la violence. Aujourd’hui, ils vivent sur le lieu de production. Comme tous les autres potagers urbains de la Fondation (plus de 60 au total), ils gardent environ 20% de la production pour leur consommation, et vendent les 80% qui restent. Ils peuvent ainsi dégager un revenu correct pour la famille. Le jour de ma visite, un groupe d’entreprise venait aussi découvrir le potager et la Fondation. Les employés de l’entreprise étaient accompagnés de leurs famille, et pendant deux heures l’équipe de travail de la Fondation a organisé des activités de sensibilisation aux problèmes actuels en lien avec l’agriculture.

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De ces deux premières semaines en Colombie, je découvre un pays très riche : riche en biodiversité, riche en sols fertiles et aussi riches par la gentillesse de ses habitants. Mais c’est un pays qui à partir des années 1970 a prit un tournant vers l’agriculture conventionnelle : produits chimiques + transgéniques + grosses entreprises… en négligeant alors les paysans et l’environnement (déforestations, monocultures, contamination de l’eau et des sols…). Aujourd’hui le pays est donc bien engagé dans l’agriculture conventionnelle. L’agriculture durable (biologique, agroécologique…) par contre n’est pas vraiment reconnue ou valorisée dans le pays : au contraire de l’Europe ou des États-Unis, les gens ne sont pas disposés à payer plus pour un produit sain de bonne qualité. Mais des initiatives durables  se développent. Et ces initiatives réussissent à concourir avec le conventionnel  sur le marché par des prix égaux. Car contrairement à ce que bon nombre de personnes peut penser, la production en agriculture biologique – comme le fait par exemple Orgaenik – permet de limiter les coûts de production. La majorité des intrants sont produits sur la ferme ou sont récupérés à bas prix voire gratuitement. L’agriculture durable a donc toute raison d’être dans ce pays, mais il manque une réelle volonté politique pour promouvoir cette agriculture et permettre une transition écologique.

C’est du bon café, Coopérative Cecafe, Lonya Grande – Pérou

Après l’agriculture urbaine d’altitude de La Paz, nous voilà propulsés au sein de la production de la précieuse fève de café. Grâce à Ninon qui nous a mis en contact avec Alex (coopérative Selva Andina à Jaen) qui nous a mis en contact avec Elmer (coopérative Cécafé (https://www.facebook.com/CECAFE) à Lonya Grande)…nous avons rencontré Oscar Barrientos, producteur de café à Ortiz Arrieta, petit village du district de Lonya Grande. Alors pour vous expliquer un peu à quel point on était dans la campagne profonde du nord du Pérou parlons un peu distances et axes de communication : de Chiclayo, la grosse ville côtière, à Jaen c’est 8 heures de bus. De Jaen à Lonya Grande c’est entre 3 et 4 heures — suivant si vous parcourez la piste en 4 ou 2 roues motrices. Et enfin de Lonya Grande à Ortiz Arrrieta, c’est 45 minutes, et là pas d’option 2 roues motrices : c’est soit en 4*4 soit en moto. Le trajet du café depuis la parcelle de production au port d’exportation, c’est globalement la même chose mais dans l’autre sens.

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Lonya Grande

On arrive donc chez la famille d’Oscar un peu comme un cheveu dans la soupe, ils n’ont jamais vraiment eu de contacts avec des non-péruviens, et on n’est pas extrêmement à l’aise avec l’accueil royal qui nous est réservé. Tout cela est résolu le lendemain quand on se lève pour notre première journée de travail avec Oscar. Une assiette de riz bien garnie surmontée d’un maquereau, quelques rigolades et c’est parti.

Notre première semaine de travail a été consacrée à la construction d’un sécheur solaire (Secador solar) pour Oscar, le premier d’une longue liste mis en place par la coopérative dans le cadre d’un projet de modernisation et optimisation du travail des producteurs. La construction a mobilisé une main d’œuvre assez importante : chaque jour plusieurs promoteurs de la coopérative nous rejoignaient dès le petit déjeuner : Zipolito (l’architecte), Cristian et Guarni présents tous les jours, et puis différents membres de la coopérative qui venaient nous prêter main forte quand ils le pouvaient. A cette main d’œuvre apportée par la coopérative, il faut ajouter les voisins-cousins comme Alex et Arturo qui étaient aussi présents tous les jours.

Traditionnellement, le séchage du café était réalisé à même le sol sur des bâches plastiques noires. Or cette technique présente de nombreux inconvénient : lors d’une averse, le café doit rapidement être mis à l’abri car s’il est mouillé cela altère la qualité du séchage et donc du produit fini. Cela implique donc une présence permanente auprès du café en séchage (souvent assurée par un membre de la famille). De plus le séchage n’est pas optimal car il n’y a pas de courant d’air qui passe entre les grains de café contrairement à l’installation avec le sécheur solaire. La construction de sécheurs solaires est donc un réel investissement pour les producteurs de la coopérative.

tri des grains de café

Tri des grains de café

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Séchage traditionnel du café

Finalement le sécheur a été terminé le lundi soir dans la nuit — merci les frontales — juste avant la visite d’une délégation de clients européens : un importateur suisse (Cafema International S.A.) client de longue date de la coopérative, et quelques torréfacteurs suédois (Löfbergs).

Zoom sur la production de café

  1. La récolte.

Après une semaine consacrée au séchoir solaire, nous avons commencé la « cosecha » (récolte du café). Celle-ci commence au mois de Mai et se prolonge jusqu’à la fin du mois d’Aout (le début et la fin de la récolte dépendent de l’altitude et de l’exposition de la parcelle). Durant cette période les travailleurs journaliers (famille, voisins, amis…) aident Oscar à récolter le café. Le café poussant dans des zones escarpées il est impossible de réaliser la récolte de manière mécanisée. Chacun se voit désigner une courbe de niveau de plants de café qu’il aura la charge de récolter : sur chaque plant on récolte tous les cerises mûres et on laisse sur la branche les cerises vertes (comme sur la photo dessous) qui seront récoltées lors de la prochaine récolte, en général deux semaines plus tard.

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La « Cosecha »

Petit à petit le panier se remplit (2 fois plus vite pour les locaux que pour nous mais on fait ce qu’on peut). Une fois plein, on le vide dans un gros sac qui ira ensuite à  la flottaison.

2. La flottaison

Elle sert à séparer les cerises « valables » de celles « non-conformes » pour la vente certifiée. Les cerises non-conformes sont par exemple celles touchées par la « Broca », un ravageur qui mange l’intérieur des grains de café (ce qui les rend plus léger et donc les fait flotter), ou sont celles qui ont connu une sur-maturation, une attaque par d’autres ravageurs, une croissance atrophiée…. Toutes ces cerises vont être séparées lors de l’étape de flottaison, et seront broyées pour être vendu comme café soluble de moins bonne qualité.

3. Le dépulpage

Il est maintenant nécessaire de séparer la graine du fruit — c.a.d le café comme on le connaît — de la pulpe du fruit ainsi que du mucilage. La « despulpadora » (la machine sur la photo en dessous) se charge de dépulper le café. On obtient ainsi des grains de café, sous la forme telle qu’on la connait, qui pourront aller directement au séchage. La pulpe est envoyée dans la zone de compostage, elle sera utilisée comme fertilisant organique lors de la saison suivante.

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Oscar règle la dépulpeuse

4. Le séchage et la vente

En général 3 jours dans le sécheur solaire suffisent à obtenir un grain bien sec. Après ce séchage, le café est prêt pour être livré à la coopérative. Le producteur va livrer les sacs de café à la coopérative Cécafé située à Lonya Grande. Le prix auquel il est payé est défini par la qualité de ses grains (peu de « broca » du café, grains de taille réglementaire…) et par le temps depuis lequel il produit en certification biologique (s’il est encore en conversion du conventionnel vers le biologique il sera un peu moins payé).

Au final, en restant 2 semaines chez Oscar nous avons vu de nombreux aspects d’une culture que nous ne connaissions pas du tout. On a apprit à récolter le café, le trier, le dépulper et le sécher. Vivre avec la famille d’Oscar nous a permis de mieux cerner les difficultés auxquelles peuvent être confrontées les membres de la coopérative Cécafé. Les producteurs de la Cécafé produisent exclusivement en biologique et Fair-trade. Cela leur permet de vendre le quintal de café vert à un tarif bien plus élevé (+30% à peu près) que pour un café conventionnel. La difficulté que rencontre la Cécafé, c’est pour exporter toute la production en certifiée. Généralement elle en exporte la moitié en certifiée, et le reste est exporté en tant que café conventionnel, donc pour un prix beaucoup plus faible. Toutefois cette tendance va en diminuant puisque la Cécafé a de plus en plus de clients fidèles qui importent du café certifié Fair-Trade et Biologique.

En espérant que cet article vous a plu, intéressé, apprit quelque chose… La vidéo arrive bientôt.

Faîtes-nous part de vos remarques ou questions en commentaire.

Merci de nous suivre et de nous soutenir !

Mba’eichapa ! Présentation de la communauté de Nueva Alianza/Tapia

Plus que les mots, les images vous parleront d’elle-même. Je vous présente la communauté de Nueva Alianza/Tapia, commune de Yasy Cañy, département Canindeyu au Paraguay.

Par ordre d’apparition, vous rencontrerez Mariana et son travail de commercialisation communautaire de sésame, Maximo et ses bassins de pisciculture, Miguela, membre de la coopérative laitière, Gaspar producteur laitier, Ireneo et Brigida et leur production horticole, Ninfa et Analberto les écoliers, Ovidio dans son atelier de ferronnerie.

Ils vous montrent leur travail, leur réalité mais avant tout leur résistance face à leur voisin qui gagne toujours et encore du terrain : le soja.

*Cette vidéo a été tournée pour effectuer un travail de mise en valeur des capacités et compétences campesinas avec les jeunes de la communauté*

Pour une sécurité alimentaire dans les villes de Bolivie

Lors de notre séjour à La Paz, nous avons rencontré la Fondation Alternativas. C’est une organisation non lucrative qui travaille depuis 3ans maintenant en partenariat avec les pouvoirs publics et privés pour permettre aux habitants des villes de Bolivie de connaître une sécurité alimentaire.

Vue sur La Paz depuis le potager urbain.

La sécurité alimentaire

Alors vous me direz, qu’est-ce c’est la sécurité alimentaire? On peut l’expliquer en trois points : la disponibilité – les produits sont présents et disponibles près du lieu de résidence dans des lieux de vente ; l’accès – les personnes ont la capacité physique et économique d’accéder aux aliments ; un usage approprié – les personnes ont les connaissances suffisantes et les habitudes alimentaires adéquates pour s’alimenter de façon saine et garantir leur bonne santé.

Il faut savoir qu’en Bolivie, presque 50% de la population est regroupée dans 4 villes: La Paz, El Alto, Santa Cruz et Cochabamba. Au total, c’est 70% de la population bolivienne qui est urbaine. Il faut aussi savoir que dans les villes, plus de la moitié des habitants survivent avec moins de 2 dollars par jour, qui partent à 80% dans les dépenses alimentaires. Vous imaginez donc les effets qu’a la fluctuation des prix sur ces populations.

Ainsi, permettre aux habitants des villes de cultiver chez eux, ou dans leurs quartiers, peut garantir à des millions de famille d’avoir un accès physique et économique à une alimentation saine et nutritive. L’agriculture urbaine apparaît alors comme une solution pour permettre une sécurité alimentaire dans les villes.

Du coup, que fait la Fondation?

Nous avons rencontré Maria Teresa et Annabelle dans les locaux de l’organisation pour découvrir leur travail. Nous pensions à la base qu’il ne s’agissait que de la mise en place et de la gestion d’un potager urbain. Nous avons découvert que c’était beaucoup plus que ça.

Tout d’abord la Fondation travaille avec les Municipalités pour mettre en place des programmes ou des lois qui ont pour but de « construire les mécanismes qui permettent aux habitants des villes de satisfaire leurs droits à l’alimentation ». Le travail se fait aussi avec les habitants pour leur permettre eux-mêmes de construire des politiques communautaires et de mener des actions qui leur permettent un accès à des produits frais et nutritifs au sein de leur communauté.

Elle travaille aussi pour l’expansion de l’agriculture urbaine en donnant les ressources techniques à tout entrepreneur qui souhaite développer une ferme urbaine ou qui mène un projet en lien avec la chaîne alimentaire.

Enfin, la Fondation travaille dans le Développement Communautaire, en développant des ateliers, des séminaires ou encore des espaces démonstratifs, en organisant des formations auprès des communautés. De nombreuses campagnes éducatives sont organisées pour  sensibiliser à la sécurité alimentaire, à la nutrition ou à l’agriculture urbaine.

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Le potager urbain Lak’a Uta

Le potager urbain et biologique LAK’A UTA

Avec Félix, nous nous sommes surtout intéressé à ce fameux potager urbain. Nous nous y sommes rendus deux fois, pour connaître le lieu, aider un peu et rencontrer les familles qui y cultivent. Le potager est situé sur les hauteurs de la ville, à seulement 3600m d’altitude, on a une vue incroyable. Il est situé dans un ancien parc, qui était à l’abandon. Avant l’installation du potager, le coin était même dangereux, pas mal de monde venait boire ici. Cela va faire deux ans qu’il existe, et la zone est maintenant plus tranquille.

Aujourd’hui, 40 familles sont présentes sur le potager, elles ont chacune 16m² pour cultiver les légumes et plantes de leur choix. On pourrait penser qu’à 3600m d’altitude, faire pousser des légumes n’est pas aisé. Détrompez-vous, on fait pousser ici tomates, carottes, maïs, salades, toutes sortes de choux, betteraves, poivrons, piments, bettes, oignons, ciboulette… Deux ingénieures agronomes travaillent sur le potager pour aider les familles, les conseiller, leur montrer de nouvelles idées de cultures… Le potager est organisé en deux plateformes, sur la première plateforme 60% des familles affirment qu’elles ont toujours suffisamment pour manger grâce au potager même si ce n’est pas forcément les légumes de leur choix. Sur la deuxième plateforme, 50% ont suffisamment à manger grâce au potager. Dans tous les cas, le potager permet aux familles de ne plus dépendre complètement du marché et de ses prix fluctuants.

En plus donc de permettre une sécurité alimentaire à ces 40 familles, le potager Lak’a Uta apporte aux familles beaucoup plus : le sentiment d’appartenir à une communauté, de nouvelles amitiés, un espace de détente pour quitter le rythme fou de la ville…

El Mangrullo, immersion dans la campagne Argentine

Après avoir découvert Montevideo et Buenos Aires,  c’est dans la région de Cordoba que je réalise un nouveau wwoofing, chez Sergio Nuñez. J’ai décidé d’aller me perdre 2 semaines dans la campagne Argentine, au village de San Pedro.

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La région de Cordoba est marquée par un climat méditerranéen, c’est à dire sec. Il ne pleut que durant les deux mois d’été : janvier et février. Mais la région possède une des plus grandes retenue d’eau d’Amérique du Sud et permet donc une irrigation suffisante les autres mois de l’année via un réseau de canaux administrés par la région.

Les gens ici vivent beaucoup du tourisme. En ce qui concerne l’agriculture on trouve beaucoup de systèmes diversifiés : horticulture + culture de pommes de terre (le sol étant sableux) + élevage de chèvres ou de vaches à viande. Un programme du gouvernement tente de réintroduire l’élevage de brebis qui a presque complètement disparu de la région.

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La retenue d’eau qui alimente la région.

Sergio s’est installé au Mangrullo il y a maintenant 15ans. Fatigué de la grande ville, il habitait à Buenos Aires, il échange sa maison contre un terrain abandonné. Tout est à refaire. Son point de départ : un champ d' »alfalfa » de 6ha dont il vend les bottes aux agriculteurs du coin. Il commence un élevage de chèvre, puis de cochons et enfin de vaches à lait. C’est l’élevage de vaches qui lui convient le mieux, et en fait alors son activité principale. Le troupeau s’agrandit, et la vente de lait évolue petit à petit en vente de fromages.

Aujourd’hui Sergio possède 31vaches et 14 veaux. Il élève également des brebis pour la viande qui lui apporte un complément de revenu, des poules, des dindons et des oies, et a 3 chevaux, 8 chiens et 4 chats. Une vraie basse-cour.

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Une partie du troupeau de brebis.

Son système est extensif. Il ne possède par exemple aucun bâtiment d’élevage, les animaux vivent dehors, qu’il pleuve, vente ou neige. Enfin la neige, c’est très rare quand même. Les brebis par exemple, vivent leur vie tranquille à travers les différents champs de la propriété (24ha au total). Les vaches ont un rythme plus spécifique, puisqu’elles sont traites. La nuit, elles sortent de leur enclos pour aller vagabonder et manger où bon leur semblent. Puis, elles reviennent seules dans l’après-midi. En fait, leur enclos est le seul point d’eau disponible, et quand les vaches ont soif elles sont bien obligées de revenir. Elle reste alors là la fin d’après-midi, à l’ombre des arbres jusqu’à l’heure de la traite. Les veaux sont dans un autre enclos, on les sépare de leurs mères car sinon il n’y aurait plus de lait au moment de la traite. Seulement après la traite on les met avec leurs mères, pour qu’ils puissent prendre un peu de lait.

Ici les vaches et les brebis broutent les prairies, les poules et les dindons picorent aussi la nourriture présente dans le sol. Le seul aliment acheté est le maïs, distribué aux vaches à l’heure de la traite, un peu aux veaux de temps en temps et aux poules pour les faire rentrer au poulailler.

La vente des fromages, des veaux ou des agneaux est locale. Tous les samedis est organisé une « Feria » à Villa de las Rosas, un village pas très loin. C’est là que Sergio vend ses fromages. La Feria existe maintenant depuis 6ans et est devenue importante. Toute la place principale est remplie de stands : artisanat, huile d’olive, vin, fromages de chèvres, stands pour manger… Sergio est l’un des seuls de la région à élever des vaches pour leur lait, en effet le climat ne permet pas un rendement très élevé de lait et la plupart préfèrent donc élever des vaches pour la viande. Sergio vend aussi les veaux l’hiver, quand il n’y a plus de lait. Il les vend aux bouchers de la région. Les agneaux sont vendus dans un cadre plus privé : aux amis, aux voisins…

L’élevage de vaches à lait n’est pas très répandu dans la région car avec le climat, la production de lait est faible. Mais Sergio a décidé d’en faire son activité principale puisqu’il ne connait presque aucune concurrence dans ce domaine. Il a su trouver sa place entre les différentes production de la région, et vit très correctement de son métier.

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Vue sur le jardin

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La traite à  la main.

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Les vaches qui profitent de la lagune.

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Semis d’avoine à cheval.

Chez Sergio, comme chez Fede en Uruguay on peut observer une biodiversité impressionnante : beaucoup d’oiseaux différents,  des renards, des crapauds, pleins d’insectes… On trouve par exemple des gros rongeurs (j’ai oublié le nom, milles excuses) qui creusent des terriers dans le sol, et des chouettes qui vivent également dans ces terriers. Dans la lagune, des poissons autochtone ont été introduit. C’est un véritable écosystème qui est préservé au Mangrullo.

Zoom sur Tatacuá

Après deux semaines passées chez Frederico et Inès, je pars maintenant pour l’Argentine. Mais avant de parler de mon prochain wwoofing j’aimerai revenir sur Tatacua et principalement sur les systèmes durables mis en place.

Depuis qu’ils sont installés, Frederico et Inès n’ont jamais jeté de poubelles. Tout est trié et réutilisé. Ils ont leur propre centre de tri. En attendant de récupérer les plastiques ou autres déchets, ils les stockent. Les bouteilles d’eau ou de vin sont par exemple utilisées pour embellir la façade version mosaïque et ainsi créer de jolies ambiances lumineuses et colorées lors du coucher de soleil.

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Ils ont également mis en place une zone humide qui a pour but de décontaminer l’eau grâce aux plantes. L’eau usée part directement dans une lagune, puis dans une autre avant de retourner dans la nappe phréatique toute propre. C’est un système très simple qui permet de ne pas polluer les nappes d’eau souterraines. Le sol étant argileux, et donc imperméable, ils n’ont pas eu besoin de bâcher les lagunes. L’eau reste naturellement dans les basins. Et puis ça apporte une grande diversité biologique, on trouve tout pleins d’insectes, de petits animaux, de plantes…

Zone humide

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On trouve de nombreux pins, eucalyptus et acacias. Les eucalyptus sont utilisés pour la construction (la structure de la maison par exemple, ou pour les futures cabanes). Les acacias sont utilisés pour le feu mais également pour enrichir le sol en matière organique. L’acacia est un bois qui, quand il est mort, s’effrite facilement. On utilise alors ses copeaux pour l’intégrer au sol sableux de Tatacuá.

Le bois, présent donc en grande quantité sur le terrain est une des ressources principales énergétique. Tous les soirs on fait le feu, qui permet de cuisiner, de chauffer la maison et quitter l’humidité en hiver et de chauffer l’eau pour la douche. L’eau reste chaude jusqu’au lendemain.

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La ferme de Tatacua étant à 1km de la plage, il serait dommage de ne pas profiter des ressources que cela offre. Régulièrement, quand l’océan est tranquille ils vont récupérer l’eau de mer. En 3 ou 4 semaines ils obtiennent 2 bons flacons de sel à partir de 5L d’eau. Le système est tout simple : l’eau est stockée dans des récipients noirs, sous une bâche de plastique transparente en U pour créer un effet de serre et permettre une bonne ventilation. Une maille fine protège les deux côtés ouverts des insectes ou autres animaux.

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Malgré un sol très sableux, on arrive à faire pousser des légumes grâce à un enrichissement du sol en matière organique (compost, copeaux d’acacias, couverture du sol, engrais vert, légumineuses). On trouve un potager qui mesure environ 20m² où on a des tomates, des poivrons, des choux de tout type, des courges, des salades, du basilic… Ce que j’appelle le « centre expérimental » qui est en fait une autre zone de cultures (tomates, basilic, menthe, mandioque, cacahuètes, quinoa…) Au lieu de faire pousser les légumes ou les herbes directement dans le sol, on crée un lit avec des pneumatiques. Et ça marche très bien, Frederico et Inès obtiennent de très beaux résultats dans les pneumatiques. On trouve un petit champ d’Amarante aussi. Cela va faire 2 ans qu’ils font pousser de l’Amarante, plante qui aime les sols sableux. Cette année on a récupéré un bon nombre de graines d’amarante qui permettra d’agrandir le champ l’année prochaine. Et puis ils essayent quelques cultures comme l’ananas ou les pastèques. Une des premières limites à l’expansion des cultures est l’absence de système d’irrigation. Pour le moment on fait tout à la main le soir, ce qui prend un bon petit bout de temps (1heure environ). Et puis, on trouve une dizaine de poules et deux dindons.

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– Le potager à  la fin de l’été –

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– Les cultures dans les pneus –

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– Amarante –

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– Le poulailler –

Tatacuá : premier arrêt

Voilà une semaine que je suis arrivée à Tatacuá, chez Fede et Inès.

Dans la langue des Guarani (peuple amérindien aujourd’hui principalement au Brésil, qui s’étendait avant l’arrivée des espagnols aussi en Argentine, en Uruguay, en Bolivie et au Paraguay[1]), le Tatacuá est un four en argile, Tata = feu, Cuá = trou. Tatacuá, c’est aussi le nom d’un oiseau qui construit son nid avec de l’argile.

Localisation

La Ferme de Tatacuá se situe à quelques kilomètres de la ville d’Aguas Dulces, dans la région de Rocha en Uruguay. Elle s’étend sur 28ha de sol principalement sableux, et argileux plus en profondeur. On trouve de nombreux acacias, pins et eucalyptus. Une réserve d’eau douce peu profonde (environ 11m de profondeur) permet de bénéficier facilement d’une eau de bonne qualité.

Fede et Inès sont venus s’installer ici il y a environ 8ans, avec l’objectif de pouvoir être auto-suffisant. En arrivant, il n’y avait rien. En 9 mois ils ont construit leur maison. Structure entièrement en bois, façades en argile et bois, sol en argile, toit en paille… Du 100% typique et naturel.

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Ils ont mis en place de nombreuses constructions durables : système de chauffage et four, dépollution de l’eau grâce à une zone humide, production de sel de mer… et souhaitent en développer d’autres dont prioritairement le pompage de l’eau fonctionnant à l’énergie solaire pour irriguer les cultures.

Depuis 2ans ils accueillent des volontaires (Wwoof, Work Away) pour être aidés dans le travail quotidien : gestion de la ferme, nouvelles constructions… Ils ont pour objectif de construire 2 ou 3 cabanes, pour accueillir les volontaires. Mais pour le moment, on dort sous la tente. A côté, nos toilettes sèches. Avec une vision à plus long terme, ces cabanes seront à destination des touristes. Ils aimeraient développer l’écotourisme. La région de Rocha est principalement connue pour ses beaux littoraux. Les cabanes de Tatacuá sont un bon point d’ancrage pour découvrir la région.

En ce qui concerne la ferme, autant être honnête, ce n’est pas vraiment une ferme. Pas encore. La production pour le moment se limite à nourrir la famille en été et un peu en hiver. Mais l’objectif est de produire plus et diversifié. Alors pour le moment, on teste à petite échelle. Il faut dire que le terrain n’est pas idéal pour cultiver. D’ailleurs, la région (comme le pays) est principalement occupé par l’élevage. On dit même qu’ici en Uruguay, il y a autant de vaches que d’habitants. Enfin bref, pour revenir à Tatacuá on trouve pour le moment un potager (tomates, chou, courges, bettes, salades, concombres…), quelques petites parcelles autour de la maison, un « centre expérimental » de cultures et un peu plus loin, où le sol est un peu plus riche, des amarantes. Il y a aussi un élevage de poules, deux dindons et un cheval, Petunio. Dans la section animal on a aussi trois chiens : Tita, Betty et Carlos, et deux chats : Nelly (la grand-mère) et Totoro (le petit-fils).

Quelques photos du « Centre Expérimental »

Piments

Piments

Quinoa

Durant la semaine, j’ai aussi eu l’occasion d’aller découvrir les plages du coin. A 15minutes de Tatacuá, on arrive sur une plage de sable blanc. A gauche Aguas Dulces (1km) à droite Valizas (4km). Les plages sont presque entièrement vierges, elles n’ont pas connu l’urbanisation intense comme à Punta del Este. On admire ici de magnifiques couchers de soleil, et un ciel étoilé incroyable.

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Maison typique d’Aguas Dulces

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Alors voilà  pour aujourd’hui. Je vous parlerai des constructions et de la ferme plus en détail dans un prochain article.

Et parce que c’est cool, la musique du jour : Personal Jesus – Johnny Cash


[1] Si vous voulez en savoir plus sur les Guaranis, et les aidez dans leur lutte contre leur expropriations par les vastes plantations de soja et de canne à sucre au Brésil, c’est ici .