PARA AGROFLORESTAL
Projet mené par Pauline, Clémence et Maud
Mai à juillet 2017
Sur le thème de l'agroforesterie dans l'état du Para (Brésil)
Étudiantes en école d'agronomie à Bordeaux Sciences Agro, nous avons rejoint la fière équipe des Agro'nautes pour populariser les pratiques agricoles durables et innovantes... dépassant les frontières de nos écoles pour mutualiser ce savoir si précieux qui est la connaissance de la Terre, de ses écosystèmes et de ses êtres vivants! Programme tonic et enrichissant!
Pauline, Clémence et Maud, à travers leur projet nommé pour l'occasion "Para Agroflorestal", qui fait référence à la destination (état du Para, au Brésil) et au thème (l'Agroforesterie) du projet, vous offre l'opportunité de lire leur carnet de bord.
"Para Agroflorestal", c'était de mai à juillet 2017, dans la campagne brésilienne au Para mais aussi au Maranhao, pour rencontrer les agriculteurs/trices pratiquant l'Agroforesterie et les acteurs promouvant son développement. Le but était de comprendre les enjeux de cette pratique agricole, dans cette région du monde.
À la découverte du projet Pepital : Comment enseigner à des agriculteurs que l’arbre peut sauver une rivière et améliorer ses conditions de vie ?
5 mai
Sao Luis, capitale de L’état fédéral du Maranhao, embrassant les limites orientale de la forêt Amazonienne. Il s’agit de l’état le plus pauvre du Brésil. La forêt a été coupée, le climat est sec, la terre peu fertile et les perspectives d’avenir limitées.
Malgré cela, nous avons retrouvé le Brésil que nous connaissions. Festif et joyeux. Mélange de peaux noires, métissées et blanches, de musiques, reggae, carimbo et foro, le tout lié par de la bière bien fraîche.
Mais nous avons découvert aussi un Brésil plus rural, vivant à 1000 km des préoccupations de la classe blanche dirigeante. Un Brésil avide de partage et de transmission.
6 MAI
Nous quittons l'île de São-Luis en bateau sous les douces lumières d'un début de journée plein de promesses. Nous sommes accueillies par des Guaras (oiseaux rouges mangeurs de crabes) dans la mangrove. La ville d'Alcântara se dresse devant nous, chargée d'histoire. Abandonnées par les barons portugais, les belles demeures tombent en ruine dû à une mauvaise gestion du patrimoine de la part du gouvernement. Beaucoup d'anciennes maisons sont inhabitées, les Quilombos (descendants des esclaves africains) ont préféré construire des maisons plus modestes.
Si nous sommes ici c'est pour étudier le projet Pepital, un projet initié par l’Université d’Etat du Maranhao ou UEMA qui accompagne des agriculteurs à passer d'une agriculture sur brûlis à une agriculture sans utilisation du feu. Et si ce projet est né, c'est parce qu'il y a de moins en moins d'eau dans la rivière Pepital, ce qui est causé par une déforestation. Déforestation elle même due à l'agriculture, aux commerces illégaux d'arbres et de sable, sur un territoire militaire. En effet, le projet d'une base spatiale n'a pas permis de développer réellement la région ni d’améliorer les conditions de vie des personnes y vivant. Les habitants ont dû être déplacées de leur “écosystème”, à savoir la mangrove riche et productive, pour aller dans des espaces plus hostiles, éloignés de la ville. Bref, à Alcantara existe un joyeux bazar.
13 MAI
Nous arrivons le matin à la communauté d'Espera où trois agriculteurs du projet Pepital vivent, Barruso, Alexandra et Argemiro. C'est un petit village construit avec rien où habitent les personnes déplacées par la construction de la base militaire. Fait de petites maisons organisées autour du puits, de l’école abandonnée et du bâtiment de fabrication de farine de manioc, il abrite plus de poules que d’humains… 28 familles au total. Aucun service ou de commerce, excepté un bar qui fait office de supérette, mais qui vend plus de boissons que de produits alimentaires.
Le contraste est saisissant entre les préoccupations d'ici ((sur)vivre au jour le jour) et celles où nous étions (rêver, construire un monde plus juste). On se rend compte que le projet Pepital plus qu'un projet de reforestation est un projet pour améliorer le quotidien de ces personnes. Leur agriculture ne leur permet que de (sur)vivre. Introduire une diversification de la production leur permettra peut être de tirer une rente. Certes à leur échelle, ils dégradent les sols et coupent un peu de forêt, mais ils sont les premiers touchés par les dégâts causés... On ne peut pas les blâmer, seulement les accompagner techniquement pour changer tout ça. A ce sujet, on se demande que font les structures ou institutions d'accompagnement techniques… inexistantes.
Paysans sensibles à la qualité de leur environnement, M.Barruso, Alexandra et Argemiro ont cessé de mettre feu à leur parcelles. C'est toujours ensemble qu'ils vont travailler dans leurs parcelles respectives sous la forme de "mutirão" (chantier participatif).
Nous avons rencontré des gens qui avaient besoin d'être accompagnés techniquement. Des gens plein de savoirs mais qui ont besoin d'être rassurés. Des gens dont ont a perçu la satisfaction de travailler avec ce type de système. A leurs côtés, nous en avons beaucoup appris sur leurs différentes cultures et leurs fonctions. Nous avons également mis la main à la pâte et planté haricots, pris soin des jeunes plants en leur apportant des fertilisants, taillé les bananiers qui donnent l'ombre et bien d'autres choses encore !
Nous avons goûté à une vie simple. Là les gens n'ont rien, mais partagent tout de bon coeur. Ils ont l'air heureux, tout simplement. Est-ce cependant une raison de les laisser dans cet isolement économique et éducatif ?
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire les articles sur notre blog, Para Agroflorestal: Le projet Pepital, projet de restauration participatif Et Notre séjour auprès des agriculteurs du projet Pepital
Nous avons quitté les agriculteurs du projet Pepital pour ceux de la Commission Pastorale de la Terre de Maraba, une organisation catholique fournissant un appui technique et juridique aux petits agriculteurs… la suite bientôt !