Au cœur d’une communauté Karen

Bonjour à tous!

Vous l’attendiez ? Tout beau, tout frais, voilà enfin arrivé notre deuxième article ! Après Happy Healing Home et son lâcher prise, nous tombons définitivement sous le charme du village de Ban Wat Chan, et surtout de sa population. Connu pour sa forêt de pins, la plus vaste de Thaïlande, le village se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière birmane. Les habitants appartiennent à la communauté Karen et sont majoritairement de confession bouddhique. En Thaï, tous les noms propres ont un sens et ici « Ban Wat Chan » signifie le village au temple de la lune.

 

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Le temple de la lune

Dès notre arrivée, nous voilà projetés dans une culture qui nous est encore mystérieuse. L’accueil de nos hôtes est timide mais les sourires sont là. La communication est limitée car nous ne parlons pas un mot du dialecte local. La maison en bois de nos hôtes est fonctionnelle et une agréable routine se met rapidement en place. Les repas du soir se déroulent sur la terrasse extérieure de la cuisine, à même le sol: riz gluant, fruits locaux et sauces piquantes sont au rendez-vous. Pour la nuit, hommes et femmes dorment séparément et notre salle commune est gardée par une maison des esprits. Le chant des coqs, les croassements des grenouilles et les grognements des cochons bercent nos nuits.

Les Karens ont le sens de l’accueil et incarnent pour nous la simplicité heureuse. Nous nous sommes vite rendus compte que le dialogue n’est pas fondamental pour rendre un échange intense. Ajan Janthra représente très bien sa communauté. Grâce à elle, nous avons pu participer aux évènements culturels caractéristiques de Ban Wat Chan, comme les mariages Karen bouddhiques et chrétiens! Ils sont courts et nombreux à cette période de l’année. En effet, pendant la saison sèche, le travail au champ est moins chargé.

Ban Wat Chan appartient au district de Galyani Vadhana, qui porte le nom d’une princesse du royaume de Thaïlande du XXème siècle, réputée pour sa générosité et qui a contribué à de nombreuses oeuvres caritatives. Autour du village, beaucoup d’agriculteurs ont des exploitations familiales certifiées biologiques. Le statut de réserve forestière de la zone restreint les activités agricoles et implique qu’aucun des agriculteurs n’est propriétaire de ses terres. Ils dépendent de la Royal Project Foundation qui les forme et leur fournit le matériel (plantules, engrais).

Les agriculteurs produisent pour leur consommation avant de penser à la vente de surplus. Le riz et les légumes constituent la base de la production. D’ailleurs, la Royal Project Foundation, créée à l’initiative du roi Rama IX, a aidé à la diversification des productions des fermiers en introduisant les cultures tempérées (comme les salades, les choux ou les courgettes), adaptées au climat de la région. Cette diversification a pour objectif d’augmenter la valeur ajoutée et d’éradiquer la production d’opium, celle-ci encourageant le déboisement et le trafic illégal dans la région.

Le fonctionnement de la Royal Project Foundation nous a laissé perplexe. D’un côté, les agriculteurs sont dépendants puisqu’ils cultivent leur terre selon les conditions de la RPF et lui vendent l’intégralité de leur production. D’un autre côté, les agriculteurs nous ont fait part de leur plaisir au travail. Effectivement ils ont maintenant une production qui leur permet une alimentation suffisante et diversifiée, contrairement à la situation antérieure à l’instauration du Royal Project.

Pendant les périodes intenses de travail au champ, les agriculteurs ont pour habitude de s’aider entre voisins. Le proverbe « Mado maca » signifie : je travaille pour toi et tu travailles pour moi.

La relation étroite qu’entretiennent les Karen avec la Nature nous a particulièrement touchés. Ils chassent et pratiquent la cueillette dans la forêt et pêchent dans les ruisseaux. Les intérêts sont multiples, comme la médecine traditionnelle ou la cuisine. Les Karen bénéficient des services de la Nature sans la saccager.

Les croyances liées aux arbres sont captivantes. Par exemple suite à une naissance, le cordon ombilical du nourrisson est coupé grâce à un éclat de bambou puis enveloppé dans une étoffe. Celle-ci est ensuite accrochée à un arbre par le père.

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Les croyances Karen

Bref, vous l’aurez compris, Ban Wat Chan est un vrai coup de cœur. Se promener dans les petites rues abruptes du village nous a permis de découvrir la vie paisible locale: les volailles aux abords des maisons, les vieilles tisseuses aux turbans colorés sous les tôles ondulées de leur maisonnette, les buffles qui broutent un semblant d’herbe en fin de saison sèche, et surtout les Karen qui nous proposent leur aide. L’hospitalité envers les voyageurs de passage est naturelle: il est de coutume de leur offrir un repas pour qu’ils puissent rentrer chez eux.

Rien de tout ça n’aurait été possible sans l’aide du Dr. Penporn, notre professeur à l’université de Kasetsart. Depuis la naissance de ce projet, elle nous a beaucoup aidé et nous avons pu partager de beaux moments avec elle.

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Dîner avec le Dr Penporn

Nous avons quitté les traditions et la vie paisible des Karen avec de magnifiques souvenirs que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Nous sommes heureux d’avoir partagé des valeurs d’entraide et d’accueil aussi fortes.  Nous voilà repartis sur les routes asiatiques, avec pour prochaine escale Agro’nautes la province de Rayong et sa production d’hévéa, l’arbre producteur de caoutchouc!

 

A bientôt !

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