Le retour des Pyrénées à l’Aveyron

Le voyage

Ça y est, pour nous, Lune et Priska les deux juments athlètes de ce voyage et nos deux compagnes à deux pattes, Fanny et Lena, le périple « A cheval par monts et par fermes » s’est terminé le 8 août… nous voilà retournées à la sédentarité dans les montagnes dioises! Nous n’avons pas donné de nouvelles tout au long du chemin de retour, tant  le voyage était dense ! Tant à raconter que ce sera en deux articles !

La descente des hauteurs pyrénéennes (qui auront été notre point le plus éloigné) s’est faite droit vers le canal du Midi, où les foins battaient leur plein dans les grands prés verdoyants, laissant place petit à petit aux plateaux secs rappelant les Causses traversés deux mois plus tôt, puis aux vignes (pour la fameuse Blanquette de Limoux), cultures de luzerne, maïs, moutarde et tournesol…

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Toujours dret vers le Nord, nous sommes passées près de Carcassonne puis Mazamet, avec une troupe agrandie de deux marcheuses … autant dire que ça piaillait toute la journée! Aux bivouacs, au delà de notre concentration pour choisir les meilleures touffes d’herbe verte, on observait bien à travers deux brins que les filles géraient de mieux en mieux les gestes quotidiens d’allumage du réchaud, montage de la tente, réparation de matériel, équilibrage des sacoches : le métier rentrait.

Nous avons vécu aussi un des incidents marquants du voyage: la chute de Lune dans un marais… Quelle montée d’adrénaline lorsque nous l’avons toutes vu s’enfoncer jusqu’aux genoux dans la tourbe, tomber sur un flanc, voir Lena s’échapper de la selle juste à temps… Heureusement, « l’hippopotame » (et oui, Lune porte bien les caractéristiques d’un demi-trait!) a su garder son calme, immobilisée par la masse de boue et se faire aider patiemment des filles pour en sortir, sans en piétiner aucune !

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Avec une nouvelle co-équipière pour prendre le relais de Fanny sur le voyage, nous avons poursuivi à travers l’Aveyron, passant  par Lacaune, Saint –Sernin-sur-Rance, Villefranche-de-Panat et son immense lac où nous avons appris à ne pas avoir peur des vagues, Pont-de-Salars, Bozouls.  Dans cette région appelée le Lévézou, le soleil d’été tape fort et les pauses de midi s’étirent, les soirées estivales au son des grillons sont bien agréables…

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L’agriculture rencontrée

Le retour s’est fait avec bien moins d’étapes longues sur des fermes. A partir du départ de Fanny fin juin, les nouveaux co-équipiers de Lena étaient plus intéressés par la découverte de la vie nomade à cheval que par le wwoofing, et la route allait encore être longue jusqu’à l’arrivée !

Il y a quand-même eu une halte de quelques jours sur le collectif de la Remoutarié dans l’Aveyron, où l’aspect agricole se résume à un grand potager et l’entretien des prairies naturelles par des chevaux, mais où l’engagement en collectif vaut le coup de s’y attarder un peu. Une belle volonté d’alternatives anime ce groupe de personnes, créant un vivier de rencontres avec d’autres groupes, débats, spectacles. C’est un lieu ouvert à accueillir des personnes comme nous qui ont envie d’échanger sur des thèmes tels que l’organisation de la société, notre rapport à l’alimentation, à l’agriculture, etc.

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En remontant  l’Aveyron, le temps d’une soirée, nous nous sommes replongées dans l’élevage de brebis à Roquefort, dont nous avions eu un aperçu à l’aller sur les Causses. Ici, dans le Lévézou, nous rencontrons des gens passionnés, au GAEC de Montcouzac près du lac de Villefranche-de-Panat, qui ont mis beaucoup d’énergie dans la défense de la production qui d’après eux fait vivre tout le territoire : le Roquefort. La majorité des exploitations agricoles  dans la région sont des élevages de brebis livrant le lait aux laiteries Roquefort et beaucoup d’autres emplois y sont liés, avec les fromageries, la commercialisation, la logistique que cela implique et indirectement aussi tous les produits et services liés aux exploitations agricoles (conseil agricole, mécanique, fournitures agricoles, commerce rural, formations et écoles, etc.). Marcel et Francine approchent la retraite et transmettent petit à petit l’élevage de leur 600 brebis laitières (de race Lacaune) et 100 brebis à viande (de race Limousine) à leur fils. Ils n’en restent pas moins actifs : en tant qu’ambassadeurs Roquefort, ils en font la promotion  à différentes manifestations, et Marcel, via l’organisme de sélection de la race Lacaune, l’UPRA, se déplace sur les élevages pour sélectionner les brebis pouvant avoir le titre de brebis reproductrices Lacaune. Le lait de la ferme est livré à l’une des plus petites fromageries Roquefort parmi les cinq existantes, qui d’après eux, se démarque par la qualité du lait qu’elle récolte,  et par son caractère familial et indépendant. En effet, les laiteries peuvent êtres plus ou moins regardantes sur la façon dont sont nourries les brebis, sur la propreté du lait, sur le taux butyrique et protéique qui influencera la faisabilité du fromage sans utiliser de processus industriels…  Cette exploitation  parvient ainsi à dégager de la production de lait et de viande de brebis un revenu suffisant pour les trois personnes de la famille et un salarié. Nous avons eu l’impression d’une belle intégration dans leur entourage et que la ferme participe à une vie rurale dynamique !

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L’exploration de l’élevage laitier s’est poursuivie sur le GAEC du Bruel près de Bozouls (face aux monts de l’Aubrac), où Eliette, Jean-Paul et leur fils Sébastien élèvent 700 brebis laitières dont ils livrent le lait à la laiterie Société et des canards à foie gras dont ils transforment entièrement la viande à la ferme. Ils élèvent 5000 canards par an, répartis en 50 lots au cours de l’année. Tous leurs produits de charcuterie sont commercialisés en vente directe, à la ferme, sur des salons ou sous forme de repas qu’ils préparent pour différentes occasions dans tout le pays, voire plus loin. Ils sont en effet passionnés de transformation et de gastronomie
, n’hésitant pas à s’associer à des vignerons pour proposer des buffets, qui ont un grand succès. Ces manifestions hors de la ferme impliquent une bonne organisation, pour parvenir à gérer les tâches quotidiennes : traite, soins aux brebis, construction des parcs, élevage des canards… Le fait de vivre dans un lieu relativement reculé ne les empêche pas de vouloir rencontrer et attirer les gens chez eux : ils font partie du réseau Bienvenue à la ferme pour la vente de leurs produits et accueillent aussi des vacanciers en camping-car. L’accueil de deux chevaux et d’une cavalière sous tente fut une grande première pour eux !

 

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