Haut Languedoc – Minervois

Brèves de voyage

P1020795Nous repartons en suivant deux jours la voie verte dans la vallée du Jaur. C’est un plaisir de marcher sur cette ancienne voie ferrée toute plate et en terre battue, seuls les cyclistes nous font parfois quelques frayeurs car on ne les entend pas arriver ! Puis nous quittons cette vallée pour descendre dans la plaine du Minervois, mais avant il y a les derniers reliefs à passer. Le temps est bien mitigé et nous nous prenons quelques averses. Heureusement tout un village se montre heureux de nous accueillir, nous passons la nuit dans le champ de « Lili », le vieux maréchal-ferrand, les selles à l’abri dans la grange de sa cousine et les filles dorment au chaud chez une autre personne ! Le lendemain ça y est c’est la plaine, les vignes commencent et nous dormons dans un petit jardin paradis où les deux filles mangent les premières cerises et nous l’herbe haute !

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Le long de la vallée du Jaur se trouvent quelques champs dans les zones plates mais celles-ci sont peu nombreuses. Sur les derniers contreforts du massif central, nous retrouvons les châtaigniers et même un plateau avec un peu de flore alpine et des troupeaux de brebis et de moutons. Puis c’est la plaine du minervois et ses vignobles à perte de vue. Le Languedoc est le plus grand vignoble du monde et cela se voit.

Le domaine de Mazy est marqué par la présence d’arbres sous toutes ses formes et notamment d’agroforesterie. C’est une des fermes précurseurs de cette forme d’agriculture où les arbres sont intégrés dans les cultures, dans le but de favoriser la biodiversité, d’enrichir le sol en matière organique, d’avoir un agrosystème plus résilient face aux maladies, aux aléas climatiques, de diversifier les productions, entre autre (la liste est longue)!

Les principales productions sont l’amande, le vin, la figue, les céréales de variétés anciennes (blé dur, blé tendre, orge, avoine, épeautre, engrain) et la viande de brebis.

Vignes en agroforesterie (amandier et févier d’Amérique) enherbées un rang sur deux

L’agriculture rencontrée

Le long de la vallée du Jaur se trouvent quelques champs dans les zones plates mais celles-ci sont peu nombreuses. Sur les derniers contreforts du massif central, nous retrouvons les châtaigniers et même un plateau avec un peu de flore alpine et des troupeaux de brebis et de moutons. Puis c’est la plaine du minervois et ses vignobles à perte de vue. Le Languedoc est le plus grand vignoble du monde et cela se voit.

Le domaine de Mazy est marqué par la présence d’arbres sous toutes ses formes et notamment d’agroforesterie. C’est une des fermes précurseurs de cette forme d’agriculture où les arbres sont intégrés dans les cultures, dans le but de favoriser la biodiversité, d’enrichir le sol en matière organique, d’avoir un agrosystème plus résilient face aux maladies, aux aléas climatiques, de diversifier les productions, entre autre (la liste est longue)!

Les principales productions sont l’amande, le vin, la figue, les céréales de variétés anciennes (blé dur, blé tendre, orge, avoine, épeautre, engrain) et la viande de brebis.

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Vignes en agroforesterie (amandier et févier d’Amérique) enherbées un rang sur deux

Sur les 100 ha , cultivés en agriculture biologique, 20 ha sont en vigne, dont une partie des parcelles comporte une rangée d’arbres toutes les cinq rangées de vigne. Les arbres sont des féviers d’Amérique (légumineuse enrichissant le sol) et des amandiers dont les fruits sont commercialisés en direct. Le couvert végétal est très riche en herbacées, légumineuses et fleurs, que François prend soin de laisser croitre pour enrichir le sol en matière organique.  A l’inverse des pratiques locales de désherbage total  (dans l’idée de diminuer le risque de concurrence hydrique avec la vigne), sur le domaine, un inter-rang sur deux est travaillé en surface et l’autre est laissé enherbé, avec deux fauches dans l’année.

L’agroforesterie est aussi pratiquée sur une partie des surfaces de céréales (en rotation avec de la luzerne). Sur certaines parcelles, c’est une association avec l’amandier, des fruitiers (abricotier, pêcher) et des féviers d’Amérique et sur d’autres existe une diversité d’essences plus rares, mises à l’essai.

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Étant dans une démarche d’agro-écologie, les animaux ont aussi une fonction sur la ferme, de fumure du sol et d’entretien des parcelles de prairies, de jachère et de luzerne (lorsqu’elle n’est pas entièrement resituée au sol en tant qu’amendement). Le troupeau de 50 brebis (dont les agneaux sont vendus pour la viande) est mené en pâturage tournant rapide, avec un changement quotidien de la zone à pâturer. La surface à pâturer est telle que les brebis laissent peu de refus et que l’amendement est maximal.

Tout est réfléchi pour être autant que possible dans le respect de la vie, du sol, des cycles naturels. François est très intéressé de partager les savoir-faire et les expériences pour évoluer dans les pratiques agro-écologiques. C’est pourquoi il travaille en collaboration avec des équipes de chercheurs en agroforesterie et en semences paysannes, avec des groupes de réflexion, des bureaux d’étude et accueille des stagiaires. Un suivi de puis plus de 15 ans est notamment réalisé par le bureau Solagro sur la qualité des sols du domaine en rapport avec les pratiques agroforestières.

La diversité est le maître-mot de ce lieu!

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Jachère de céréale (repousse de luzerne) en agroforesterie

Causses – Haut Languedoc

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Après un bon repos à la ferme de Vispens, nous sommes reparties toutes les quatre en pleine forme ! Nous avons eu de belles journées estivales dans le Rougier de Camarès (appelé ainsi à cause de la couleur rouge de la terre, riche en oxyde de fer). Nous avons été accompagnées quelques jours par des bipèdes à bicyclette qui nous ont suivi sur les chemins montant au plateau des monts Lacaune. Sur le plateau, accueil hivernal avec 3 jours de mauvais temps … Si les filles ont pu s’égoutter une fois dans un garage et une fois en refuge, nous avons dû attendre la vallée du Jaur pour sécher ! Nous l’avons atteinte après une serie de lacs dans la brume, n’invitant pas tellement à la baignade. La température augmente à mesure que nous descendons dans la vallée du Jaur, sur les contreforts de laquelle se trouve le Salvet.

L’agriculture rencontrée

Sur la terre fertile du Rougier avec les champs de céréales et de fourrage, l’ensilage battait son plein avec un va et vient incessant de tracteurs. Les plateaux du Haut Languedoc (1 000 m d’altitude) offraient une toute autre vision, avec des campagnes dépeuplées et des élevages bovins ou ovins essentiellement.
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La ferme du Salvet sur laquelle nous sommes restées se situe à 500 m d’altitude, au milieu d’une forêt de chêne vert. Jean Louis cultive  là-haut environ 1 ha de plantes aromatiques et médicinales comme la verveine, la lavande, la sarriette, la sauge, l’helichryse, framboisiers … D’autres plantes sont issues de la cueillette sauvage, comme le thym, le millepertuis, l’aubépine etc. Ces plantes sont séchées sur place grâce à des séchoirs solaires, puis triées et conditionnées à la main. La vente se fait essentiellement en gros (97 % du chiffre d’affaire) auprès de revendeurs ou d’autres producteurs intéressés par certaines plantes typiques du sud de la France. Le reste se vend en sachet de 20 à 40g dans des magasins de producteurs locaux. Jean Louis s’est beaucoup impliqué dans le syndicat des Simples, qui défend une éthique respectueuse de l’environnement, notamment lors de la cueillette sauvage. Ce syndicat tente aussi de défendre la production artisanale des plantes médicinales.

Une ancienne châtaigneraie permet de réaliser des produits transformés vendus localement. Cette ferme fonctionne grâce à l’accueil de nombreux Wwoofeurs, dont certains décident ensuite de rester ici pour s’associer à l’activité. De nombreux projets verront le jour sous peu, notamment la fabrication de cosmétiques et la distillation grâce à un laboratoire et un alambic fraîchement installés !

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Les plantes sont déposées sur des claies pour sécher 

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Mba’eichapa ! Présentation de la communauté de Nueva Alianza/Tapia

Plus que les mots, les images vous parleront d’elle-même. Je vous présente la communauté de Nueva Alianza/Tapia, commune de Yasy Cañy, département Canindeyu au Paraguay.

Par ordre d’apparition, vous rencontrerez Mariana et son travail de commercialisation communautaire de sésame, Maximo et ses bassins de pisciculture, Miguela, membre de la coopérative laitière, Gaspar producteur laitier, Ireneo et Brigida et leur production horticole, Ninfa et Analberto les écoliers, Ovidio dans son atelier de ferronnerie.

Ils vous montrent leur travail, leur réalité mais avant tout leur résistance face à leur voisin qui gagne toujours et encore du terrain : le soja.

*Cette vidéo a été tournée pour effectuer un travail de mise en valeur des capacités et compétences campesinas avec les jeunes de la communauté*

À la rencontre des petits producteurs de café et cacao, récit d’une aventure équatorienne.

A la rencontre des petits producteurs de café et cacao, récit d’une aventure équatorienne.

Alexis Louapre

Prologue

Je vous ai laissé il y a environ deux mois, à la fin de mon étape andine. Depuis, bien des aventures se sont passées. Je vous laisse lire le récit de mon aventure et de mon travail auprès de deux associations de producteurs : l’une de cacao, coco et fruits ; l’autre de café, cacahuètes, manioc et fruits.

« Je rêve d’une multitude de jardiniers, chacun soignant, pansant, animant un fragment de la terre commune, pour son bien-être propre et par conséquent celui de la communauté terrestre. » Pierre Rabhi.

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Chapitre 1 – Le choc thermodynamique

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C’est comme si j’avais atterrît dans un autre pays !  Le quinze mars au soir, je quittai Nicolas à Quito, pour la province d’Esmeraldas, sur la côte ouest. Nicolas, c’est l’agronome d’Ethiquable*, l’entreprise de commerce équitable avec qui je vais effectuer mes deux missions, il s’occupe de tous les produits et producteurs de l’Amérique latine. Je parti donc un peu à l’aventure, avec en seul indice un lieu et un numéro de téléphone (c’est un peu comme la carte aux trésors en fait), celui de Vicente, président de la coopérative de cacao organique (il faudrait peut-être dire biologique car on obtient un chocolat labélisé AB). Arrivé à la gare routière, je me préparais pour les 6h de bus qui m’attendaient, me faisant arriver à cinq heures le lendemain matin à Esmeraldas.

Je ne me souviens pas avoir dormi beaucoup, mais pourtant, quand j’ouvris l’œil, je vis tout le monde descendre du bus, nous étions déjà arrivés ! Non, je n’étais pas de retour au Burkina Faso, comme pouvais l’indiqué la chaleur accablante et l’humidité, et un nombre important de personnes a la peau noire. J’avais juste descendu presque trois mille mètres pour me retrouver en bord de mer, climat tropico-océanique, dans la province d’Esmeraldas, caractérisé par une forte présence d’Afro-latino-américain.

Un bus de plus et un coup de fil, j’atteignis le trésor. Vicente m’emmenai a Tonchigue ou je rencontrai Erika et sa famille, et pu profiter de quelques heures de sommeil. Je fus surpris de retrouver un peu de l’Afrique dans cette région : c’est comme si j’avais atterrît dans un autre pays. Un climat très différent de la Sierra, beaucoup de monde et d’animaux dans les rues, des motos circulant sans casque, des pick-up remplis de gens, oui c’est un peu comme au Burkina ! La différence, c’est qu’ici, il y a l’océan. Tonchigue est une petite ville de pécheurs, ou tout le monde se connait, et délaissée par les touristes préférant les plages et bars à cocktails d’Atacames, sa voisine.

Après avoir programmé ma première partie de mission de dix jours avec Vicente et la coopérative FONMSOEAM (Federación de Organizaciones Negras y Mestizas del Sur Occidente de Esmeraldas Atacames Muisne), j’appréciai mon premier bain dans le Pacifique, accompagné de Tom, le fils d’Ericka. Le lendemain, j’étais arrivé dans ma première communauté : Palma Real, accueillit dans la maison de Marilin et Segundo, producteurs de cacao.

Ces premiers jours avec la chaleur de la côte m’ont fatigué, surement du au choc thermodynamique !

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Chapitre 2 – Unité ou diversité

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Un univers exotique ! Avec Marilin et Segundo, nous sommes allés visiter la plantation. La plantation, c’est un système agroforestier associant le cacaoyer, le cocotier, des agrumes (oranger, citronnier, pamplemoussier, mandarinier…), d’autres arbres fruitiers (zapoté, et autres noms qui m’échappent), bananiers et plantains. Par ci et par là, on rencontre aussi des fruits de la passion (mon pécher gourmand), des plants d’ananas, de canne à sucre, des papayers… Un univers exotique !

La gestion de la plantation se fait totalement à la machette : on coupe les jeunes branches qui gênent, on taille, on enlève les cabosses et les feuilles malades, on dégage le sol autour. Pour Ethiquable, ma mission fut de réaliser des petits films sur la coco afin de présenter le produit au consommateur. Segundo et Marilin récoltèrent les noix de coco, vertes et mures. Avec la verte, appelé « pipa », on boit l’eau ! Il y a au moins soixante-quinze centilitres dans chaque, alors il faut avoir très soif pour terminer sa pipa ! Avec la coco mur, on récupère la pulpe pour cuisiner des soupes ou on extrait le lait pour faire des jus, très rafraichissant !

Les deux jours qui suivirent, je suis retourné dans des plantations, afin de continuer mes films sur le cacao et la coco, et remplir quelques fiches terrain pour notre étude avec Les Agro’nautes. Mes repas se constituaient de riz, bouillon, plantain sous différentes formes, avec viande ou poisson ! Le vendredi, je fis le trajet depuis les pâturages de Segundo jusqu’à la maison à dos de cheval, ce qui fut une drôle d’expérience ! Le soir, je profitai de la moto d’un neveu pour aller faire un tour à la plage de Monpiche, à quarante-cinq minutes. Un bon bain me revigora et je pu admirer le coucher du soleil. Malheureusement c’est à ce moment que mon Lumix décida de ne plus fonctionner, de nouveau !

Dans le paysage, les « fincas » de cacao en système agroforestier s’alternent avec des monocultures de palmier à huile. C’est justement sur le chemin du retour qu’un ingénieur agronome me prit en stop. Il travaille pour la production d’huiles végétales biologique et exporte principalement vers les Etats Unis. Comme quoi ces palmiers à huile ne cachent pas que du mauvais.

Je profitai de l’envoi des échantillons de fèves de cacao pour analyse des métaux lourds depuis Atacames pour faire un tour à la plage et ses bar-discothèques, et me balader un peu. Le lendemain, je me mis à la cuisine : toute la famille apprécia la pizza maison, moi le premier !

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Chapitre 3 : Joyeuses Pâques ?

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Quoi de mieux qu’un cacao « grand cru » pour célébrer Pâques ?!  Le Camion-container, chargé des trois-cent soixante-deux sacs de fèves de cacao était prêt à exporter. J’accompagnai le convoi : direction le port de Guayaquil à neuf heures d´ici. Fabriqué en Italie, le chocolat fera le plaisir de consommateurs défenseurs du commerce équitable et d’un chocolat aux arômes fins et floraux. La mission fut accomplie, mais finalement peu utile pour mes intérêts. De retour, je me préparai à passer la fin de la semaine sainte dans une autre communauté. En Equateur, le vendredi saint est férié, j’espérai tout de même malgré cette période de fête pouvoir travailler un peu avec les producteurs.

Accueilli par Segundo Castillo, précédent président de la coopérative et dont vous pouvez admirer la photo sur l’emballage des tablettes de chocolat Ethiquable (quatre-vingt pour cent de cacao Grand cru Equateur), je découvris une petite communauté, où en cette semaine sainte le passe-temps était les jeux de cartes et le foot à la télévision ! Je dormis dans la maison de Mariana, Robert et leurs enfants. On m’avait conté des moments festifs, des défilés, de la musique, mais ce vendredi saint ne fut rien de tout ça. J’ai pu profiter du congé de Robert, travaillant dans la pisciculture de crevettes, pour visiter la finca, effectuer une interview, et revenir les bras chargés de mystérieux fruits et d’une botte de plantains. Je profitai de mon temps libre pour continuer mes montages vidéo ou discuter avec les producteurs autour d’une Pilsener bien fraiche !

Heureux d’avoir partagé du temps dans cette communauté aux habitants très accueillants, mais déçu de ne pas avoir découvert une vraie fête de Pâques, je quitte Balsalito et conclue ainsi ma première partie de mission pour Ethiquable. Le soir, je pris le cap vers le sud !

Après une nuit de bus, j’arrivai à Manta, la ville au port gigantesques et aux malodorantes usines de thon. Je pu profiter de l’hospitalité de mon couchsurfer et de la wifi pour échanger quelques skype, et de l’après-midi pour un bon bain dans le Pacifique, et un peu de chocolat quatre-vingt pour cent de cacao, d’une tablette qu’Erika m’offrit. Quoi de mieux qu’un cacao « grand cru » pour célébrer Pâques ?!

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Chapitre 4 : Il va me falloir des bottes !

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C’est dans le canton de Pajan que m’attend ma seconde mission, avec ASOPROCAM, Association de producteurs de café et d’arachides bio de Manabí. Après trois heures d’attente (merci l’Afrique de m’avoir appris la patience !), Jimmy arrive enfin. Nous nous rendons vers la communauté, c’est un long et dur trajet qui m’attend. En effet, la saison des pluies et la topographie vallonnée de la région engendre des chemins boueux inaccessibles en voiture durant tout « l’hiver ». C’est donc après quatre heures de marche dans un paysage de forêts, plantations de café et champs de maïs bien pentus et avec mon fidèle sac sur le dos, que j’arrive à la « casa del Jimmy » (Dixit Mahalevona à Madagascar). Je rencontrai ainsi la famille de Jimmy : Marilin sa maman (la seule à cuisiner de tous), son papa Cecilio, le frère Luis, l’oncle Pablo – tous producteurs – sa femme Dolores et les deux fillettes « chiquita » Flore et Veronica. Je rencontrai aussi les chiens, le chat, les poules et les cochons dont s’occupait principalement plantations de café et de plantains derrière la maison. Ils m’installèrent un lit dans le « salon-chambre » ou dormait déjà Luis et Pablo. Quant aux parents, ils dormaient dans la cuisine-salle à manger. Récemment construite, la maison n’avait toujours pas de murs, ni de pièce séparée pour la chambre. En conséquences, Marilin se battaient constamment à chasser les poules et les chiens du lieu de vie !

Jimmy est producteur de café et arachides, vice-président d’ASOPROCAM. Ma mission fut d’assurer avec lui le contrôle interne précédent l’inspection annuelle de l’organisme certificateur. Les productions commercialisées par ASOPROCAM pour Ethiquable, sont certifiées Agriculture Biologique et SPP (symbole petits producteurs). L’association doit ainsi remplir des « fiches producteurs » précisant les surfaces et quantités des produits à certifier, et justifiant la non-utilisation de produits agrochimiques les années antérieures. Cette année, l’objectif était de transporter directement les arachides séchés, décortiqués et triés vers Guayaquil, ainsi que du Manioc épluché, des papayes et des mangues. Le café est quant à lui apporté à une autre coopérative s’occupant du tri et du conditionnement.

Je rencontrai un certain nombre de producteurs, après le premier jour, j’abandonnai vite mes chaussures pleines de boue et gorgée d’eau, lourdes à porter, et continuai pieds nus (Dixit Madagascar). Mais pour sûr, il va me falloir des bottes ! Achat que je fis le week-end suivant ! Après avoir passé la nuit chez un producteur vivant plus prêt de la route, je retournai à la civilisation, indispensable car je devais envoyer mon dossier de candidature pour ma troisième année à Montpellier SupAgro, Institut des Régions Chaudes.

La semaine qui suivit fut consacré à continuer les fiches producteur et organiser la procession des arachides : réalisation d’un Excel visant à répertorier les poids après récolte, après décorticage, après tri…

Le week-end qui suivit fut consacré à l’élaboration d’un gâteau au chocolat et de café. Dans la plantation, on trouve un ou deux cacaoyers, pour la consommation de la famille. N’ayant pas eu l’occasion de le faire à Esmeraldas, je fus content de réaliser la pâte de cacao !

Pour cela, vous aurez besoin :

Environ 500g de fèves de cacao fermentés et séchés (issus de l’Agriculture Biologique)

Une grande poêle et un feu de bois de préférence

Un moulin manuel

1/ Préparer un feu de bois ou un barbecue

2/ Sélectionner les fèves de cacao correctement séchés et de taille identique

3/ Faite torréfier les fèves de cacao à feu vif jusqu’à ce que l’enveloppe des fèves puisse s’enlever facilement. Laisser refroidir une quinzaine de minutes.

4/ Retirer l’enveloppe de chaque fèves et ne pas conserver les fèves brulés.

5/ Mouliner les fèves et récupérer la pâte de cacao.

6/ Malaxer la pâte de cacao avec un ustensile en bois. Former une boule avec la pâte ou l’étaler sur une feuille d’aluminium et laisser sécher.

Vous obtenez un chocolat cent pour cent cacao !!!

En plus de cela, Jimmy torréfia du café en prenant soin également d’enlever la pellicule autour du grain, ce qui permet d’obtenir un café non brulé sans aucune cendre. Le café dans cette région, est doux car cultivé en basse altitude (quatre-vingt à cent-vingt mètres). Ça change du Nescafé, un éveil des sens !

Le gâteau au chocolat fut apprécié de tous, accompagné pour certain d’un ti-punch élaboré avec l’alcool artisanale de canne à sucre. La dernière semaine, après une journée pluvieuse et une autre cloué au lit par la grippe, je terminai mon séjour chez Jimmy par la première récolte des arachides de la saison, sur le terrain de Pablo.

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Chapitre 5 : Vers un éveil des consciences

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La tourte de maïs la plus grande du monde !  Chez Marilin et Cecilio, la production est largement présente dans l’alimentation : choclo (première récolte du maïs, très doux), plantains et bananes vertes (guinéo), les arachides en pâte (Dixit Burkina Faso) ou fraiche en bouillie, le manioc. On consomme également de nombreux fruits exotiques (papaye, ananas, fruits de la passion…) et agrumes (citron, oranges, mandarines, pamplemousses), du gingembre… Ils se rendent toutes les deux semaines à la ville pour se fournir en riz, sucre, huile…

Dans la province de Manabí, l’agriculture vivrière est fortement présente, les productions sont destinées au marché national : riz, maïs (principalement pour l’alimentation animale), arachides. La région produit énormément de maïs, conventionnel bien entendu. Tellement de maïs qu’on peut apercevoir un épi géant posté à l’entrée de la ville, et les affiches d’un évènement des plus réputée : la tourte de mais la plus grande du monde !

On trouve également une forte présence du café et du cacao et une production particulière : le Roucou ou Achiote. Cet arbre produit des fruits remplies de petites graines colorés. La cire entourant les graines, riches en caroténoïdes, est utilisée pour des colorants alimentaires (E160b qui donne la couleur orange au cheddar et aux huiles pimentés par exemple) et comme teintures ou encore utilisés traditionnellement comme crème solaire et crème anti-moustique naturelles ! Egalement, toutes les familles récoltent les feuilles d’un palmier qu’ils font séchés (Paja Toquilla). C’est avec cette paille que sont fabriqué les chapeaux et chaussures traditionnelles péruviennes.

La majorité des systèmes agroforestiers de café et les plantations de plantains et roucous sont cultivés de façon naturelle, sans intrants chimiques. Les cultures aux cycles courts cependant (riz, maïs, arachides), sont cultivées majoritairement avec utilisation de désherbants, que ça soit pour la consommation ou pour le circuit conventionnel. La proposition d’Ethiquable pour l’achat d’arachides organiques a lancé la culture biologique dans les communautés d’ASOPROCAM. L´avantage est clair : les rendements en biologique et conventionnel sont les mêmes, et malgré un cout supplémentaire du au désherbage manuel (à la machette), quelques producteurs ont été intéressés cette année par la production bio. Le prix est deux fois supérieur que celui payé par un intermédiaire. L’avantage écologique s’ajoute à celui économique. Bien que peu perçu par les agriculteurs, la préservation des ressources naturelles telles que le sol et l’eau est permise par la culture biologique.

Après mes premiers entretiens avec les agriculteurs, une question me vint à l’esprit : que pense la population de la culture bio, et en particulier les jeunes ? L’âge moyen des producteurs d’ASOPROCAM est de cinquante-cinq ans ! Pourquoi ça n’était pas les jeunes qui allait travailler à la machette au lieu d’asperger de pesticides leurs terres ? Où est passé la jeunesse forte de renouveau et diffusant les valeurs d’une agriculture écologique ? Ces jeunes, n’allant pas étudier, suivent en fait bêtement le système ancré dans la région, et n’ont pas conscience qu’il puisse exister un autre type d’agriculture. ASOPROCAM tiens alors entre ses mains un grand défi : celui d’éveiller les consciences. Ça n’est pas seulement une question d’utilisation ou non de produits chimiques, mais un éveil des consciences : comprendre qu’ils ne sont pas des machines à produire, mais des êtres humains, qui respectent la terre et l’homme. Même si cela doit demander plus de travail, ces producteurs méritent un prix rémunérateur pour un produit de qualité et une culture respectant les ressources naturelles. Et c’est tout à leur portée. Je souhaite bon courage à Jimmy pour relever ce beau défi !

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Chapitre 6 : Le choc sismique (et choc thermodynamique bis)

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Je cru faire un malaise ! Après un travail éprouvant, je m’en allai avec Jimmy vers Pajan, afin d’envoyer les documents nécessaires pour l’inspection de l’organisme certificateur. Un autre coup de malchance me tomba dessus : mon ordinateur portable avait rendu l’âme…

Avant de repartir pour ma deuxième partie de mission, je pris le temps de faire un peu de tourisme. Retour dans la Sierra : après une courte nuit à Guayaquil, j’arrivai à Cuenca. Troisième ville de l’Equateur, au centre historique réputée et à la vie nocturne agitée. Je fus accueilli par Patricio, un couchsurfer, qui par tout hasard était producteur de cacao ! En échange de son hospitalité, je lui propose de préparer un gâteau au chocolat avec son cacao.

Cuenca est une ville typique, parsemée de petites maisonnettes colorées. J’y découvris sa cathédrale imposante, ses places ou se partagent musiciens de rue, vendeurs de glaces, touristes et locaux, le parc botanique et archéologique ou l’on peut admirer les perroquets et condors (en cage). La grosse averse gâcha quelque peu la fin d’après-midi, et c’est les vêtements trempés et les bras chargés de courses que je retournai chez Patricio.

Certes, j’étais fatigué de tous ces trajets, de ma journée, mais pas jusqu’à m’évanouir. Alors que je préparai ce délicieux gâteau au chocolat, j’ai cru faire un malaise. Je tanguai un peu comme dans un bateau (Dixit Melissa Express). La famille se précipita dehors et m’invitait à venir voir : c’était en fait le sol qui bougeait, du a un séisme.

Sur le coup, je n’ai pas réalisé qu’un tremblement de terre venait de se produire sur la côte équatorienne. Ayant eu vent des premiers dégâts causés par le séisme a la télévision, nous passions tout de même à table et au menu, ce fut Lasagnes, je ne pouvais rien rêvé de mieux ! L’évènement perturba tout de même la ville : alors que je cherchai un lieu ou boire une bière et jouer au baby-foot, la police passait dans chaque bar et restaurent pour annoncer l’état d’urgence du pays et la fermeture des lieux.

Après ce choc sismique qui n’était pas fini, j’allai vivre un second choc, thermique cette fois-ci. Quittant Cuenca au petit matin, je me rendis vers Riobamba, sur les traces du mythique Chimborazo ! Le sommet le plus haut de toute la cordillère des Andes, culminant à six mille trois cent mètres, est le point sur Terre le plus éloigné du centre de la planète. Arrivant vers les quatre mille mètres, le froid était glacial. Les refuges les plus hauts furent fermés ce soir-là, à cause de l’état d’urgence. Je me rendis donc un peu plus bas, dans une petite communauté. Je rencontrai Tamia, Eduard, Laure et Oscar, quatre catalans de Barcelone ! Après une petite balade entre les vigognes et lamas, Nous passâmes la soirée à discuter autour d’un chocolat chaud et d’alcool de canne à sucre pour se réchauffer. Le lendemain, nous nous rendîmes à l’entrée du parc et commençâmes la marche vers le refuge. L’ascension fut difficile, mais plutôt rapide grâce au GPS d’Eduard qui nous mena au refuge a contre chemin et à travers les nuages. Quatre mille huit cent mètres, nous étions arrivés au premier refuge. Devant rejoindre Quito l’après-midi, je n’eus pas le temps ni la force d’aller au second refuge, à cinq mille cent mètres, altitude maximum qu’il est possible d’atteindre sans guide. C’est alors que je m’apprêtais à redescendre, les nuages commencèrent à partir et je pus apercevoir le sommet enneigé du mont. Merci à Edu pour les photos !

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Chapitre 7 : Enquête exclusive

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#UrgenceSéismeEquateur. Ça n’est que le lundi que je me rendis compte du désastre causé par le séisme, et du nombre important de victimes. Pedernales, ville côtière de pécheur, fut détruite à quatre-vingt-dix pour cent, et Manta gravement touché. Le secteur ou je devais retourner terminer ma mission avec FONMSOEAM devait être atteint également. Je me préparais alors à abandonner mon enquête sur le cacao et la coco pour aider Vicente et FONMSOEAM à évaluer les dégâts dans les communautés.

Après une nouvelle nuit dans le bus, j’arrivai à Tonchigue de nouveau. Nous échangeâmes nos impressions concernant le séisme avec la famille d’Erika puis je me rendis a FONMSOEAM. Le centre de récolte avait subi le tremblement de terre : fissures aux murs, caisses de fermentation gravement abimés, partie du toit effondré. Mais mon travail fut dans les communautés afin de rapporter à Vicente les dégâts. Pendant quatre jours, j’ai visités plus de cent cinquante familles, pris en photos beaucoup de maison, du « un peu déséquilibré », au « complètement détruite » avec beaucoup d’entre deux bien sûr. Ce travail fut éprouvant et difficile de voir tant de familles habitant hors de leur maison. Le plus dur fut mon retour à Balsalito. Le vendredi soir, j’arrivai sur place, j’expliquai à Secundo ma mission, puis me rendis à la maison de Mariana et Robert. Plus rien. A par le petit magasin, et une chambre, tout s’était écroulé. Le lieu où j’eus dormi n’était plus que poussière, tout ayant été nettoyé durant la semaine. En effet, les habitants des communautés ne chômaient pas, seulement quelques jours après l’évènement, je ne pus parfois rien observer des débris, seulement les traces d’une ancienne maison, et juste à côté les fondations d’une nouvelle.

Aussitôt, je me mis à aider Mariana à déplacer les produits de la « tienda » dans la maison d’à côté qui avait mieux résister. De retourna Tonchigue, je devais trier les photos et rentrer chaque nom dans un classeur Excel. Le dimanche, je pris le temps de cuisiner des crêpes pour la famille, ce qui fut un vrai régal !

Le jour suivant, j’envoyai les premières photos à Nicolas, et Sylvain travaillent à Quito pour AVSF* (Agronomes et Vétérinaires Sans Frontières). A partir de mes observations, nous rédigeâmes un mail avec Vicente pour exprimer les dégâts subit dans les communautés de producteur de cacao, et lancer un appel de solidarité. Le soir même, AVSF publia une campagne de dons* pour aider les producteurs de FONMSOEAM à reconstruire leur maison. Depuis, grâce à la participation d’Equitable et à la générosité des français, quinze mille dollars ont été récoltés, et la campagne continue encore.

Je terminai mes visites des dernières communautés puis me rendit à de Muisne. Quelques producteurs avaient décidé de venir vivre en ville pour l’éducation des enfants, dans des maisons qui n’avaient malheureusement pas résistées au tremblement de terre. Ces familles vivaient alors dans des campements mis en place par les autorités, dans des conditions difficiles. Voici le témoignage de, producteur de cacao ayant perdu sa maison.

« Mon nom est Simon Castillo, je suis l’un des plus touchés par le séisme, ici dans la province d’Esmeraldas. Ma maison était située à Muisne, et mes terres se trouvent dans la communauté d’Agua Clara.

Je passe beaucoup de temps dans mes plantations, et aussi dans la ville où je vis avec ma famille. Nous sommes venus vivre ici pour l’éducation de nos enfants, et nous sommes plusieurs familles de la communauté d’Aguaclara ici, touchées par le tremblement de terre du samedi 16 Avril.

Ma maison a été complètement détruite, effondrée, la mienne et beaucoup d’autres, et nous vivions pratiquement dans la rue sans nulle part où dormir. Maintenant nous sommes dans ce campement, mais les conditions sont difficiles, surtout pour les enfants. Nous sommes exposés à de nombreuses maladies : la pluie est l’un des premiers facteurs […]. Si nous continuons à dormir sur ce site, sans beaucoup d’aides extérieures, il y aura des malades, en particulier chez les enfants. Nous espérons que les maladies graves ne vont pas se multiplier, car il y a le paludisme et la dengue, transmis par les moustiques. En saison des pluies, ces virus peuvent se développer dans cette zone où nous sommes.

Les tentes ne sont pas appropriées pour l’hiver car l’eau pénètre quand il pleut. Nous nous sommes souvent réveillé humides et n’avons pas suffisamment de vêtements pour se changer. Il y a également des problèmes dans la coordination de la distribution des aliments. »

Une fois les témoignages et noms recueillis, je fus visiter ce qu’il restait des maisons. Dans le vieux Muisne, beaucoup de maison n’ont pas résisté mais se trouvaient étonnamment en zone inondable et construites sur pilotis dans un sol sableux.

Lors de mon dernier jour à Tonchigue, je profitai d’une réunion avec mes producteurs de FONSOEAM, pour effectuer un bilan de mon travail, et leur exprimer mon soutien. L’aide devrait arriver bientôt, pour permettre à ces familles de retrouver des conditions l’hébergement décentes. Ethiquable quant à eux, vont tacher de lever des fonds pour envisager la reconstruction de centre de collecte qui risque de s’effondrer si rien est fait.

Cette étape fut difficile, physiquement comme moralement. Tôt le samedi, je quittai Erika et sa famille pour terminer mon aventure équatorienne là où je l’avais commencée.

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Chap 8 : Quito, la fin de l’aventure

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Une immensité urbaine coincée dans la cordillère. Je retrouvai Jonathan à Quito, j’allai passer le weekend end à St Pablito, où j’avais effectué mon premier volontariat avec COAGRO. J’étais content de retrouver tout le monde, dont la famille qui m’avait accueilli un mois. Nous nous rendîmes à Otavalo le samedi soir, et The Red Pub nous régala de ses bières artisanales et mojitos ! Le lendemain fut l’occasion de cuisiner un cake aux bananes. Je restais finalement jusqu’au mardi matin car je fus invité à diner chez Fernando pour l’accueil de Michaela et Paula, deux volontaires canadiennes. Je parti donc pour Quito le mardi, après les derniers adieux sauf pour Jonathan que je retrouverai le jeudi sur Quito.

Quito fut l’occasion de clôturer ma mission avec Ethiquable et de retrouver internet pour donner des nouvelles et faire mon travail pour les Agro’nautes. Je fis le bilan avec Nicolas, qui fut content de mon travail. Il me laissait un pot de confiture de physalis (amour en cage) et deux tablettes de chocolat ! En plus du travail au bureau, j’en profitai pour découvrir Quito. Je fis un tour en ville, au quartier La Mariscal le premier soir et m’introduisais dans un Irish Pub. Quoi de mieux qu’un baby-foot pour faire des rencontres ? Je fus également en hauteur grâce au téléphérique au pied du volcan Pichincha, avec une vue imprenable sur une partie de la ville. Quito vu d’en haut est une immensité urbaine, quarante kilomètre de long du Nord au Sud, coincée dans la cordillère. Je me rendis dans la vieille ville ainsi qu’au parc botanique où j’ai pu observer de belles orchidées, puis je retrouvais Jonathan pour une virée dans un quartier sympa, dans les pentes à l’Est de Quito.

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Epilogue

Ainsi se terminai mon aventure équatorienne, quittant la cordillère pour rejoindre les États-Unis. Durant ces deux missions, j’ai pu découvrir une zone où l’agriculture est fortement présente, caractérisée par des produits « exotiques » majoritairement destinés à l’exportation, mais également au marchés locaux et à la consommation. Ainsi, j’ai pu comprendre, ou du moins en partie, le contexte et les caractéristiques du commerce équitable. Tout ceci est bien sur très complexe, mais une chose est sûre, si vous voulez continuer à boire du jus multi fruits, du café et manger du chocolat, des cacahuètes, de la noix de coco etc., il va falloir continuer à en produire, et le commerce équitable et l’agriculture biologique permettent de répondre, en partie, aux problèmes écologiques et socio-économiques auxquels fait face le monde agricole. Affaire à suivre dans un prochain article.

Me voilà maintenant rendu en Californie, presque dans le désert, à deux pas de la Sierra Nevada, où d’autres aventures m’attendent. Une chose est sûre, les Etats-Unis ont du progrès à faire en terme d’agriculture durable, mais chaque initiative est un grand pas vers l’agriculture de DEMAIN.

« C’est dans les utopies d’aujourd’hui que se trouvent les solutions de demain. » Pierre Rabhi.

*Références

Pierre Rabhi, recueil de citations. La puissance de la modération. Ed. Fragments.

AVSF est une association à but non lucratif française de soutien à l’agriculture paysanne. En savoir plus

#UrgenceSéismeEquateur. Faire un don (suivre les instructions sur le d’AVSF, appel à soutiens)

Ethiquable est une entreprise coopérative. Depuis 13 ans, ils agissent en faveur d’un commerce équitable exigeant et soutenant l’agriculture paysanne avec 49 coopératives de petits producteurs partenaires. En savoir plus

Cévennes – Causses

Brèves de voyageP1020596
Après trois petites journées de repos à Malhaussette, nous sommes reparties sur la route à travers les dernières vallées cévenoles. Nous sommes au pied du Mont Aigual, les deux filles vérifient la météo et nous voilà à monter 1200 m de dénivelé pour atteindre le sommet du Mont Aigoual et redescendre un peu pour passer la nuit. On se pose donc sur les pistes de skis, l’herbe est encore bien jaune … Puis une petite journée et nous arrivons dans la ferme de Servillières sur le Causse Noir où nous attend un grand champ bien vert où nous nous regalons. Après quelques jours, nous repartons pour traverser les Causses (Causse Bégon, Causse du Larzac). La pluie ne dure même pas la première journée mais le vent du nord et le froid ne faiblissent pas des 5 jours de marche ! Si les filles se font inviter au chaud une nuit ou trouvent refuge dans des hangars ou granges, nous, nous sommes toujours dehors et P1020686nous en patissons aussi physiquement. Au final nous arrivons toutes les quatres (sauf peut-être Prisca qui a l’air de bien aller) fatiguées et un peu abimées physiquement à la ferme de Vispens sur la fin des causses au-dessus de Saint-Affrique. Les souvenirs des paysages de plateaux où l’herbe est balayée par le vent sous une lumière rasante nous donnent quand-même envie de continuer à traverser tous les jours de si beaux endroits!

L’agriculture rencontrée

Les Causses sont des plateaux calcaires à une altitude comprise en général entre 500 et 900m de moyenne. Ces terres sont en partie des pâturages dans les prairies et landes qui recouvrent les sols peu profonds. D’autres parties comportent des sols fertiles et sont cultivées en céréales et fourrages. Ils réalisent des céréales d’hiver car la saison d’été est sèche et courte. Les troupeaux sont essentiellement des troupeaux ovins, notamment en laitier pour le lait roquefort.

Le Roquefort était autrefois réalisé par une coopérative d’agriculteurs mais suite à des problèmes financiers, ils ont vendus les caves et la coopérative à l’entreprise Société. Aujourd’hui le Roquefort est réalisé en grande partie par Société ou quelques autres industriels plus ou moins grands qui louent une partie des caves. Les
agriculteurs qui fournissent le lait pour le Roquefort ne contrôlent pas le prix du lait qui est en moyenne à 1€/L, variable selon le moment de l’année, le taux protéique et butyrique et les taux de cellules. Le Roquefort semble représenter une grande P1020640partie de l’activité économique de cette zone géographique, avec 1800 élevages ovins qui livrent du lait pour ce fromage, ainsi qaue tous ceux qui vivent de la suite de la chaîne de production: les laiteries, les caves d’affinage à Roquefort-sur-Soulzon (où le fromage arrive déjà moulé, pour l’affinage de quelques semaines dans les caves naturelles de la montagne du Combalou), la logistique (les communes alentours hébergent des grandes plateformes de logistique), la vente, etc.

Il y a aussi des troupeaux de vaches à viande type Aubrac. L’eau est aujourd’hui remontée des vallées autour des causses mais anciennement, c’était un bien très rare. Elle était

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stockée dans des citernes sous les maisons pour l’usage domestique et dans des « lavognes », des dépressions dans le paysage qui étaient parfois pavées afin de garder l’eau de pluie pour abreuver les troupeaux.

Une lavogne vide à  Viala-du-pas-de-jaux sur le plateau du Larzac

Nous avons passé quelques jours sur une ferme de 600 brebis en conventionnel, livrant en moyenne 1700 L de lait à une laiterie Roquefort. Ces trois frères en GAEC ont vendu une partie des terres familiales du causse voisin, le Causse Bégon, et sont en fermage sur cette ferme de 430 ha, ce qui leur premet de travailler à trois sur une même ferme. Nous en avons rencontrés d’autres qui sont sortis de ce système (où le lait est livré à une entreprise sans qu’il soit possible de participer aux décisions ou à la fixation du prix), soit en livrant à des coopératives bio pour d’autres produits laitiers, soit en ouvrant une fromagerie artisanale avec leur activité d’élevage afin de pouvoir avoir un prix du lait plus rémunérateur.

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La ferme de Vispens, sur les contreforts au-dessus de Saint-Affrique, a été acquise par Terre de liens en 2009, avec un projet de vache à viande et de brebis laitières. Malheureusement le hameau n’était pas relié à l’eau de ville et la transformation laitière prévue n’était donc pas possible. Ils se sont donc spécialisés dans la vache à viande (race Aubrac) tout en gardant un petit troupeau ovin et caprin pour le plaisir et pour qu’il entretienne la végétation que les vaches ne consomment pas. Les vaches sont en plein air intégral, même l’hiver car cette race est rustique et qu’il n’y a pas assez de place dans les bâtiments pour rentrer l’ensemble du troupeau (60 au début, 25 aujourd’hui).
La viande est commercialisée en circuit court, par livraison de colis de viande ponctuellement. Le rayon desservi est encore très large (par exemple jusqu’à Alès), mais l’agriculteur souhaite réduire la zone de livraison, en comptant sur la fidélisation de sa clientèle.

Ardèche – Cévennes

Brèves de voyageP1020502
L’Ardèche et ses terrasses nous ont fait bien mal aux pattes et valu quelques demi-tour car on ne descend pas les escaliers raides que les anciens ont construit. Et les chemins de mulets ne sont pas très adaptés à nos gros sabots ! Mais  on a quand même fini par s’en sortir et arriver vers le Mont Lozère. Là le temps n’était pas au beau fixe donc les filles ont préféré rester dans les vallées plutôt que monter sur le plateau. Nous avons contourné ce massif par l’est. Après quelques belles tempêtes avec grêle et compagnie sur les crêtes, nous sommes arrivées dans les petites montagnes du sud des Cévennes.

L’agriculture rencontrée
L’Ardèche et les Cévennes sont réputées pour leurs terrasses et les châtaigniers qui les couvrent. Celles-ci sont toujours présentes mais beau coup de châtaigneraies partent à l’abandon et sont peu à peu envahies par d’autres espèces, dont les résineux (pins noirs) planP1020519tés en grande quantité suite à des opérations de reboisement dans les années après-guerre où tout le monde manquait de bois de chauffage. Dans les vallées, les terrasses sont irriguées par des canaux construits à flanc de coteaux et qui desservent toutes les terrasses d’une commune. Aujourd’hui, ils sont encore entretenus dans certaines communes pour les jardins privatifs des habitants et chacun doit encore nettoyer et curer sa partie afin que l’eau puisse circuler pour tout le monde. Un système de vannes permet de prendre de l’eau, mais les tours d’eau qui existaient avant ne sont plus d’actualité car il y a bien assez d’eau aujourd’hui pour les quelques potagers.

Nous avons posé nos sacoches pour quelques jours à la ferme de Malhaussette, un collectif installé depuis 2009 grâce à l’association Terre de liens. Cette bande d’amis a repris une exploitation de chèvres laitières et continue de fabriquer des Pélardons avec leur troupeau de 30 chèvres. Elles sortent la journée dans la trentaine d’hectares de pâturages et bois dont ils disposent et sont traites une fois par jour. Pour l’hiver, ils proP1020569duisent leur propre foin de prairie et de luzerne. Ils réalisent aussi des produits issus de la châtaigne comme des confitures, crèmes et farine de châtaigne. Ces produits sont vendus sur deux marchés hebdomadaires, celui de Florac et de Mende. En plus de cela, ils produisent pour leur consommation personnelle leur légumes sur les trois jardins qu’ils ont mis en place et se lancent dans une pépinière afin de vendre des plants de fruitiers.